Guts Of Darkness

Des fleurs ? Après l'intensité rouge de 'Painted red', Mantra aurait-il réussi à exorciser ses démons ? Non, pas complètement, même s'il est vrai que 'Every defect' est moins torturé en apparence. D'ailleurs les guitares grinçantes de 'Poison' qui ouvre le disque auraient tendance à prouver le contraire. C'est sur 'The making of me' que l'on en saisit mieux la vraie nature, une noirceur moins brute mais une mélancolie accrue, intense, qui refuse d'être simplement triste, qui veut exprimer également un peu de rage. Structurellement parlant, Mantra a choisi d'épurer quelque peu ses lignes, moins de sons malsains, une batterie moins roulante, mais c'est pour mieux traquer l'émotion, en mettre à nu l'essence, ce qui permet à la voix d'Yvonne d'exposer toute la gamme de son talent (essayez donc d'écouter 'Frail' sans frisson), quelque part entre Siouxsie, P.J. Harvey ou même Sinéad O'Connor (premier album). Même le calme sensuel des superbe 'Cry' ou 'Our disease' est trompeur, une vérité se cache derrière, une vérité qui ne se laisse pas saisir sans doute, sans question, sans douleur. Cela ne signifie nullement qu'il faille y voir quelque chose de négatif, car comme sur le premier opus, Mantra privilégie la beauté même si elle a parfois un visage un peu effrayant qui ne se laisse pas si aisément saisir. Je ne puis que conseiller ce superbe album d'une grande profondeur et d'une sincérité qui ne trompe pas... nul artifice, de l'émotion pure simplement.