Mantra › Painted red

C'est doté du juste sentiment de réparer une injustice que je m'avance fort de ces quelques lignes. Comment un groupe de la qualité de Mantra en arrive-t-il à être si peu vanté, que ce soit en son Angleterre natale ou sur le Continent ? Ce me semble d'autant plus regrettable qu'en matière de bonnes formations goths, la Grande-Bretagne peinait à retrouver le souffle d'antan. Il est clair que la musique de Mantra est une musique intense, adulte, nullement destinée aux crétins qui ne jurent que par les dancefloors. Mêlez donc les Swans avec Siouxsie et vous aurez une petite idée de ce que vous réserve cette galette placée sous le signe du rouge, un rouge intense, passionné, aux percussions tribales, aux guitares grinçantes et meurtries, aux pianos inquiétants. C'est également la couleur de la blessure, de la trahison, d'une rage que l'on retrouve dans un chant féminin entre Siouxsie et P.J. Harvey. Les structures des morceaux jouent volontiers sur l'intensité des climats en démarrant sur des plages calmes qui s'enflent pour exploser de noirceur ('Your dismissal', 'In my mouth', 'Theatre song'). Parfois la tension choisit de ne pas exploser, de se replier sur sa mélancolie ('Held so high', 'What is yours'). Il y a de plus quelque chose de malade, de désespéré chez Mantra, des sons malsains qui vous frappent doucement l'esprit, à l'image de ce rouge qui finit par monter à la tête. Mais rien n'est jamais déterminé non plus, ce disque laisse place à une sensualité ('Master of me') qui peut même apaiser dans ce chaos de sentiments en bataille. 'Painted red' est à l'image de sa pochette, complexe, intense, noir, torturé, beau, triste, profond... en un mot, fascinant.