C’est parfois au travers des autres que l’on se révèle… L’album de reprises, l’exercice casse-gueule par excellence pour bien des groupes alors que certains sont capables d’en faire un disque majeur de leur carrière (Siouxsie and the Banshees, par exemple) tout en nous renseignant sur la personnalité des artistes et leurs influences. Dans le cas de mes chouchous de Rosegarden Funeral Party, c’est assurément le cas. Déjà, pour un combo alternatif dont le disque s’écoulera au mieux à 500 ou 600 copies, c’est synonyme de passion, parce que niveau fric, ça ramènera pas grand chose puisque rien n’est de la plume du groupe; ensuite, regardez la sélection. De la part de nos Texans, un choix pratiquement 100% britannique (exception faite de Danny Elfman), new wave ou affilié de près, voilà qui expliquerait donc cet étrange touche, parfois groovy, dans leur rock gothique… Premier bon point, ils font partie de ces artistes estimant que ‘Loving the alien’ est un titre fantastique de David Bowie (Visage s’y étaient frottés aussi juste avant la mort de Steve Strange) dont ils livrent une reprise absolument fabuleuse aussi bonne que l’originale, il en reprennent les orchestrations mais les rendent plus froides, le chant extraordinaire de Leah Lane (pas loin d’une version féminine du Grand Homme sur ce titre) faisant le reste. D’ailleurs, les Américains poussent le vice jusqu’à reprendre une autre chanson, elle aussi tirée de la période plus creuse de Bowie. Là aussi, succès, ‘Glass spider’ sonne frais comme jamais. Second bon point, une cover de King, pas forcément une formation majeure mais qui a marqué celles et ceux les ayant appréciés. Option plus dépouillée, sympathique, moins punchy que celle des Anglais mais le chant équilibre. Celle de Pulp, c’est une autre histoire, déjà qu’il s’agit d’une de mes compos favorites d’eux, mais là, Rosegarden Funeral Party la transfigurent, une fois encore en se coulant dans les schémas originaux pour accentuer encore le feeling de désenchantement de base, dommage qu'elle ne soit qu'un bonus de la version digitale (questions de droits ?). Une merveille. Personnellement, je trouve aussi leur version de ‘Working hour’ meilleure que celle de Tears for Fears, plus sobre, plus tragique sans en trahir l’esprit. Inutile de faire durer idiotement le suspense, cet album est plutôt fantastique. Il rebutera celles et ceux allergiques aux 80’s car les Texans nous y replongent complètement niveau son, niveau production mais avec une touche plus sombre, plus froide… La cover des Sparks prend des allures de Dead or Alive dans ce qu’ils pouvaient avoir de grave dans leur période new wave, celle de Peter Gabriel est bouleversante, bref… Le seul quidam inconnu de mes oreilles était Duncan Browne, une chanson pas très folichonne, plus prenante chez Rosegarden Funeral Party de par un chant nettement plus charismatique, des parties rock plus musclées, des instants apaisés plus émouvants. Qui plus est, le combo a accompagné le disque d’une série de clips dans laquelle la chanteuse laisse tomber crucifix, dentelles, vêtements noirs pour porter pantalons bleu pastel, chemisiers à motifs et autres éléments vestimentaires des 80’s. On devine beaucoup d’investissement dans le projet, une prise de risques car les Américains se sont aventurés assez loin de leur style de base même si l’esprit new wave a toujours habité leurs compositions, ont rendu cohérentes ces reprises à tel point que l’écouteur lambda ignorant tout pourrait croire à un disque du groupe. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'une manière de travailler différente. Covid obligeant, Leah Lane a travaillé pour ce projet avec des musiciens du monde entier (cf la pochette), comme quoi... Je ne peux que conseiller en parallèle la version digitale incluant cinq bonus franchement croustillants.