Stupor Mentis › V​.​I​.​T​.​R​.​I​.​O​.​L

Je n’aime guère le classique, c’est comme ça… Une réaction puérile peut-être, séquelle d’une enfance puis d’une adolescence bercée par des musiques n’ayant pas grâce au sein d’une famille ne jurant que par la chanson française et un zeste de classique chiant, simplement aussi l’envie de vivre vite au rythme du punk et du post punk… Dead Can Dance pourtant l’ont démontré, le lien entre les deux n’est pas aussi impossible que ça. Une formation telle que Stupor Mentis sont des passeurs pour les béotiens comme moi, une pythie capable de saisir des émotions d’un éther au visage infernal ou d’un enfer lumineux et les restituer en un format émotionnel qui parle à mon coeur. ‘Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem’, une belle invitation au voyage et au questionnement spirituel mis en musique par le duo qui maîtrise de mieux en mieux sa formule. Inutile et pourtant essentiel de revenir au chant de Audrey Bucci, la pierre philosophale de cette oeuvre, impressionnante de maitrise, toujours juste dans ses intonations, sans surenchère mal placée; s’il existait une version féminine de Lucifer au sens du porteur de lumière, ce chant en serait la parfaite incarnation, extrêmement sombre et lumineuse à la fois, la beauté et la tragédie unie en une teinte que le prisme ne reconnait pas. N’en négligeons pas la musique pour autant. N’étant pas un puriste, je me fous qu’elle soit produite au clavier car elle est extrêmement méticuleuse, puissante dans le choix et l’interprétation des sonorités. Les inspirations puisent de la renaissance au baroque en passant par des éléments plus contemporains pour tisser des climats dark ambient fortement teintés de néoclassique. On navigue entre mysticisme, instants tendus et glauques (‘D’amour amer’), flottements de grâce (‘On the eve of his execution’) dans une tension perpétuelle entre paradis et chute, à moins que tous deux ne soient éternellement et inextricablement liés… J’enfonce des portes ouvertes mais le ressentir, c’est moins banal, parvenir à reproduire en un format ‘rock’ (je parle de la durée des morceaux) des émotions aussi prenantes, intemporelles, chargées d’images profanes comme sacrées avec une vraie touche de sensibilité humaine et poétique n’est pas chose si aisée. Stupor Mentis produisent une musique gothique au sens artistique du mot tout en démontrant qu’elle peut agir comme une véritable oasis pour se reposer des turpitudes d’un monde nettement moins poétique. Pourquoi je le préfère à l’opus précédent ? Je n’ai pas d’argument objectifs, question de sensibilité.