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SEXWITCH › SEXWITCH

  • 2015 • Echo 538169301 • Lim • 2000 copies • 1 LP 33 tours

vinyl 33t • 6 titres • 32:41 min

  • 1Ha Howa Ha Howa6:51 [reprise de Benasser Oukhouya & Cheikha Hadda Ouakki]
  • 2Helelyos4:33 [reprise de Zia]
  • 3Kassidat el Hakka7:52 [reprise de Abdellah El Magana]
  • 4Lam Plearn Kiew Bao3:56 [reprise de Chanpen Sirithep]
  • 5Ghoroobaa Ghashangan4:42 [reprise de Neşet Ertaş via Barış Manço via Pooneh]
  • 6War in Peace4:47 [reprise de Alexander Spence]

informations

Le titre 5 est une erreur, crédité comme une reprise de Ghoroobaa Ghashangan par Ramesh, c'est en fait une reprise de Hamishe Tanha par Pooneh (la ligne d'avant sur la compilation Zendooni (Funk, Psychedelia And Pop From The Iranian Pre-Revolution Generation), c'est ce qu'on appelle du boulot vite fait mal fait), une adaptation du morceau turc Gönül Dağı dans la version anadolu pop de Barış Manço.

line up

Natasha Khan (chant), Dan Carey (synthétiseur, production), Tom Dougall (guitare), Dominic O'Dair (guitare), Maxim Barron (basse), Charlie Salvidge (batterie), Giles King (percussion), Alejandra Diez (synthétiseur)

chronique

Les sorcières sont à la mode. C’est même plus saisonnier, même plus une question de Halloween, les sorcières sont juste devenues cool. Et puisqu’on parle « ésotérisme » vous savez ce qui était cool aussi au tournant des années deux-mille dix ? Les compilations de vieux morceaux psyché glanés aux quatre coins du monde, dans des scènes inexplorées à la fois par l’industrie et la critique musicale occidentale. Frisson un peu frivole de l’exotisme ou réel intérêt de diggers obsessionnels ? Création d’un nouveau marché de niche dans un contexte rétromaniaque artistiquement peu excitant ou volonté de recherche sincère et de remise en avant d’un pan négligé de la musique pop ? Un peu tout ça à la fois. Et chez les passionnés d’archives et de musique, le vrai bonheur de la découverte. Natasha Khan (aka Bat for Lashes) et le producteur Dan Carey en ont manifestement bouffé de la compile de rééditions d’obscures merveilles venues d’autres contrées, pas nécessairement si exotiques que ça pour la londonienne issue d’une famille de grands joueurs de squash pakistanais. Et comme il est toujours bon de faire un travail sur les sources (hein, Dan et Natasha, hein ?), voici d’où sont tirés les morceaux à l’origine du projet : « Kassidat: Raw 45s From Morocco », « The Sound of Siam Volume 2: Molam & Luk Thung from North-East Thailand 1970-1982 », « Pomegranates: Persian Pop, Funk, Folk and Psych of the 60s and 70s », « Zendooni: Funk, Psychedelia and Pop From the Iranian Pre-Revolution Generation ». Rien que les titres, ça vend du rêve (même si souvent il y a à boire et à manger). Alors hop on va chercher le groupe néo-psyché TOY, hop on entre en studio, hop une prise par morceau et hop on appelle ça SEXWITCH, parce que la Natasha elle a senti en elle comme un truc qui la reliait à la nature et sa puissance invaincue de femme alors qu’elle se mettait toute seule dans tous ses états sur des tracks propices à la transe.

Au-delà du fait que toute cette affaire de sorcière n’est pas très sérieuse, pas de grand discours ou concept derrière le projet, plutôt un élan très spontané, faut bien reconnaitre à SEXWITCH sa plus grande qualité, un enchainement de titres hypnotiques pour ne pas dire ensorcelants (ah !), sur lesquels Natasha Khan exerce ses effets de voix polyharmoniques en grande prêtresse un peu néo-hippie. Mais ici elle délaisse les narrations oniriques de Bat for Lashes pour une approche nettement plus physique, impossible de se l’imaginer autrement qu’en ondulations corporelles, suivant ses modulations vocales. Le tout au fil de morceaux tirés ici d’une adaptation assez littérale de funk iranien aux fumets de groove éthio-jazz, « Helelyos » de l’acteur-chanteur Zia, là d’une chanson de la tradition amazighe, « Ha Howa Ha Howa » où elle n’essaie même pas de se mesurer à la grande Cheikha Hadda Ouakki (ce serait peine perdue) mais adapte son chant à une rythmique quasiment krautrock, en sorte de longue montée orgasmique (ce qui ne trahit pas le fond du chant original). Dans le même esprit et pour rester dans les contrées marocaines, mais passant de l’Atlas aux frontières algériennes, « Kassidat el Hakka » (le poème de la vérité) déplie sur près de huit minutes une longue transe hallucinatoire, cette fois adaptant un grand artiste du raï marocain, Abdellah El Magana, dont le groupe conserve la forme de scansion et l’approche minimaliste de l’instrumentation, avec son leitmotif trippé incessant, alors que Natasha ponctue son chant habité de respirations heurtées, hoquètements, cris et gémissements qui transfigurent l’expérience. Alors, ça rigole moins d’un coup ?

La seconde partie prend une tournure différente, plus mélancolique, avec notamment la reprise d’une reprise d’une reprise, suivez bien le cheminement : « Hamishe Tanha » de l’iranienne Pooneh que les amateurs d’anadolu pop (COUCOU), reconnaitront immédiatement comme une version assez fidèle (mais chantée en farsi) du « Gönül Dağı » de Barış Manço, adaptation du grand chanteur folk turc Neşet Ertaş. Avec sa merveilleuse mélodie, il reste le morceau le plus proche de ce que Khan pourrait faire avec Bat for Lashes, si ce n’était ses vocalises très « witchy » en arrière-fond, un peu calquées ici sans accéder vraiment au même effet extatique. C’est plus rêveuse que Natasha, là encore plus Bat que Witch, s’essaie à un morceau de musique molam, issue de la tradition thaïlandaise, alors que pour conclure le voyage c’est en Occident que SEXWITCH se repose, revisitant le psych-rock d’Alexander Spence, convoquant alors les fantômes de la scène californienne des sixties, celle-là même qui s’était brûlée aux ailes du psychédélisme oriental. Ainsi, SEXWITCH en revient donc à la grande affaire des années deux-mille, ce revival psychédélique un peu chic, un peu cool, celui-là même qui débouchera sur un crate-digging effréné dans des archives improbables, à la recherche toujours renouvelée de territoires inexplorés, de la petite perle oubliée, de la scène à réhabiliter. Du travail d’archéologue. Et les sorcières dans tout ça ? Elle dansent plutôt, et elles ont bien raison.

note       Publiée le lundi 31 octobre 2022

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