Vous êtes ici › Les groupes / artistesRRamona Lisa › Arcadia

Ramona Lisa › Arcadia

téléchargement • 11 titres • 41:42 min

  • 1Arcadia4:12
  • 2Backwards & Upwards4:01
  • 3Getaway Ride3:56
  • 4Avenues2:40
  • 5Lady's Got Gills4:33
  • 6Hissing Pipes at Dawn (They're Playing Our Song)2:14
  • 7Dominic3:57
  • 8Reprise0:56
  • 9Izzit True What They Tell Me5:15
  • 10Wing of the Parapets3:13
  • 11I Love Our World5:45

informations

Enregistré à Rome et pendant les tournées de Chairlift.

https://ramonalisa.bandcamp.com/album/arcadia

chronique

Il y a quelque chose de touchant dans l’émerveillement d’une jeune américaine déambulant au coeur d’une de nos vieilles cités européennes. À travers leurs yeux il est possible d’y voir un ailleurs à nul autre pareil. Nos vielles villes musée par trop familières, nos vieilles pierres usées, ça pourrait être aussi bien la matérialisation de Hyrule ou une visite dans les décors d’un Assassin’s Creed. Le merveilleux est partout. Pas étonnant alors que cet Arcadia, parfait nom de pays imaginaire, ait été enregistré par Caroline Polachek, en à-côté de son groupe Chairlift, lors d’une résidence à Rome, sous le nom de Ramona Lisa. Ramona Lisa, ce n’est pas une vraie personne, même pas un avatar, plutôt une sorte d’idée. Une idée de celles que peut se faire une jeune américaine à Rome en regardant par sa fenêtre. Loin d’une peinture sonore, même si l’album est ici et là tapissé de field recordings lui conférant cet aspect ambient-pop très rêveur, plutôt une construction à base de vieux sons MIDI, entièrement bidouillée sur laptop. Autant dire que le résultat, y compris le traitement vocal, et quelle voix que celle de Polachek, est tout aussi déroutant qu’original. Nulle trace d’authenticité (cette vieille lubie elle aussi bien usée) et encore moins d’un exotisme européen fantasmatique, mais bien une sorte de rêverie musicale électronique pastorale (selon les dire de la compositrice elle-même), avec des chansons électro-pop étranges qui s’enchainent les unes ou autres, au sens propre, aux atmosphères merveilleusement virtuelle mais à l’organicité tenant à un peu plus que la voix, toujours et encore et encore encore elle, de Polachek qui, même enregistrée entre deux placards via des micro basse fidélité d’ordinateur portable, ne cesse d’enchanter son monde et le nôtre.

Dès les premiers drones métalliques un peu angoissants et les cloches d’églises manifestement factices qui ouvrent le titre éponyme, nous aussi, on est ailleurs, transporté directement par ces nappes synthétiques rappelant des souvenirs bien tenaces de mondes virtuels. Comme chez Chairlift, Caroline Polachek s’avère une vocaliste fascinante mais dévoile ici tous ses talents de productrice, étant seule aux commandes, révélant ainsi si besoin était qu’elle n’avait déjà plus tellement besoin de sa formation. « Backward and Upward » met un point final en la matière en terme de synth-pop bizarroïde aux effluves discrètes des eighties les plus oniriques, aussi brillante qu’aucun morceau du groupe de Brooklyn. Délicieusement arty, Ramona Lisa c’est l’esprit de Polachek qui déambule sous forme de petites chansons dans un espace électronique entre mini-pop glitchée et ambient 2D où s’entreglissent, comme des caches Photoshop, des sonorités bien organiques pour un rendu final troublant, à la fois coquet et inquiétant, catchy mais toujours à prendre d’étranges détours mélodiques. Aucun tube là-dedans, même si le doo-woop aérien de « Dominic » fait son petit effet, la douce voix de Caroline refusant les effets qu’elle s’autorise souvent, caressant ici la production plus minimaliste (jusqu’au final qui fini par vriller gentiment) d’une sensualité détachée. Ramona Lisa, c’est déjà Polachek qui vise au-delà de Chairlift, qui est déjà ailleurs, plus dans la pop mais aussi plus dans l’étrangeté, elle qui empoignera bientôt les deux au contact des gens de PC Music et de Charli XCX. Ramona Lisa, c’est un peu son jardin secret, un jardin perché quelque part de l’autre côté du terrier. Ça s’écoute les yeux fermés, pour mieux y voir des merveilles telles « Izzit True What They Tell Me » et son hallucinante coda, pour mieux se laisser bercer par les textures en vaguelettes du dernier morceau, ces réelles cigales et ces clapotements électroniques, ces sonorités définitivement imaginaires, d’une musique comme pure rêverie.

note       Publiée le mardi 28 juin 2022

Dans le même esprit, (N°6) vous recommande...

Kate NV - Binasu

Kate NV
Binasu

dans une dimension parallèle

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Arcadia" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Arcadia".

    notes

    Note moyenne Aucune note pour ce disque pour le moment. N'hésitez pas à participer...

    Connectez-vous ajouter une note sur "Arcadia".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Arcadia".

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    J'avais bloqué sur le premier EP, il y avait déjà " Izzit True What They Tell Me" je crois... On est loin de Chairlift, d'un coup ! Excellent.