Au départ, il y avait The Fuzz, aujourd’hui’hui Fazi…A priori, c’est la même chose mais comme je suis maniaque, je vais m’en tenir aux inscriptions du groupe et ce premier opus est bien sorti sous le nom de The Fuzz donc…Ces Chinois passionnés de post punk mais aussi par des formations comme Neu ! sont de ceux qui travaillent dur, presque un album tous les deux ans, sans compter en 2019 une tournée internationale, notamment grâce aux lieux tissés avec le combo suisse Penkowski (dont il faudra que je parle prochainement). ‘谁会做奔跑的马’ (running horse, si j'ai bien capté) damne le pion à pas mal de projets post punk occidentaux actuels, pas de production froide, de boîte binaire, dès les premières mesures, la batterie y va de sa cogne tom basse/caisse claire, la basse entre en jeu. On ne peut s’empêcher de songer aux Cure et à Joy Division, Warsaw même dès que la guitare entre en jeu, la conviction et la passion sont palpables. La différence réside dans le chant qui n’a rien de grave, s’approchant davantage du timbre de Robert Smith, et franchement, elle colle à merveille. Impossible pourtant de définir The Fuzz comme des clones; en effet, l’écoute complète révèle que les musiciens ont écouté beaucoup de post punk sous toutes ses formes, du funk glacé de Gang of Four aux rythmiques épileptiques de Talking Heads, ce qui leur permet de construire un solide disque varié et intéressant sur les dix morceaux (j’exclus ‘Kong’ 1 et 2, plutôt des interludes). Ce disque regorge de trouvailles (splendide guitare du départ de ‘西安’, petite note planante de ’09.09’), d’énergie et de punch, alternant entre mélancolie et conviction, avec de légers éclats plus colériques (‘Postpunk is cold’ frisant presque le désespoir). Même si ces sonorités nous sont connues, on prend vraiment plaisir à cet album, enregistré qui plus est dans un pays pas forcément raccord avec ce genre aujourd’hui encore. ‘Dead or alive’, rythmé, plus jovial que la moyenne (malgré ses subtiles incursions indie aux limites du pré-larsen niveau grattes) ne laisse planer aucun doute, le futur s’ouvre pour The Fuzz (‘we can fly’, chante le vocaliste), ils ne s’en tiendront pas là et tant mieux. A ce jour, ils restent la seule formation chinoise que j’aie pu voir sur une scène et c'était franchement génial !