Vous êtes ici › Les groupes / artistesGHildur Guðnadóttir › Chernobyl

Hildur Guðnadóttir › Chernobyl

cd 1 • 13 titres • 38:40 min

  • 1The Door
  • 2Bridge Of Death
  • 3Turbine Hall
  • 4Vichnaya Pamyat [Homin Lviv Municipal Choir]
  • 5Pump Room
  • 6Clean Up
  • 7Dealing With Destruction
  • 8Waiting For The Engineer
  • 9Gallery
  • 1012 Hours Before
  • 11Corridors
  • 12Líður (Chernobyl Version)
  • 13Evacuation

informations

chronique

La plus grande réussite de la série Chernobyl, aussi adulée (HBO) que controversée (HBO), mais indéniablement marquante ? L'ambiance. Et comme souvent, autant sinon plus que par les décors, cette ambiance passait par la bande originale, fruit du travail méticuleux d'une compositrice islandaise dont je n'avais jusqu'alors pas entendu un seul morceau. Ce sont bien ces trames ambient-industriel, académiques dans leur façon de grésiller à intervalles archi-réguliers, mais prenant aux tripes, qui m'ont saisi dès les premières scènes critiques... Et fait penser à un périple psychique dans les rues abandonnées de Prypiat, jusqu'au réacteur éventré, à la façon d'un esprit qui flotterait librement d'une zone à l'autre. À ce propos il paraît que depuis la série, de plus en plus de touristes du monde entier visitent les environs de la centrale, poussés par une forme bien morbide de fascination... Je reste dubitatif devant une telle attitude, étant né dans une zone heureusement préservée des retombées (grâce au fameux anticyclone francophile), mais cette bande originale me semble suffisante pour voyager dans le drame. Le premier thème qui part de percussions tribales pour déployer la peur par grondements telluriques, m'aspire dans la brèche. Ensuite, plus insidieux, tels ces rayonnements ionisants traversant les chairs, s'insinue le sifflement malsain de "Bridge of Death", à demi-vie indéterminée dans mes songes d'enfant de 1986... Et tout suit dans un souffle douloureux et sinistre, parfois onirique, comme un long râle des décombres, une atmosphère en déliquescence et en suspension. Hildur Guðnadóttir a réussi à fabriquer un son du radioactif, d'une façon on l'aura compris assez différente de Kraftwerk (et plus proche de ce qu'aurait peut-être fait le couple Arafna si on lui avait passé commande). Réussi à transmettre musicalement cette notion d'"ennemi invisible". Montrer l'immontrable... En sculptant les ombres, en sondant ces architectures soviétiques vides de vie, mais dans lesquelles subsiste comme une lamentation de mort. Chernobyl instille une sensation à la fois nauséeuse et harmonieuse, entre flottement et menace chtonienne. Une menace sans forme précise mais omniprésente, bruinant en teintes de naphte dans le cortex, de pleurs métalliques, avec des craquelures de machines et des frémissements subtils. Une musique diffuse mais aigüe, PALPABLE, telles ces mélodies magnétiques au goût de plomb (les grinçantes "Gallery" et "Corridors", ou "12 Hours Before" qui flirte avec une ambiance à la Blade Runner). Hormis "Líður" et le très beau chant liturgique du chœur de Lviv en hommage aux victimes ("Mémoire éternelle"), les thèmes forment un bloc très homogène, uniformément contaminé, fait de pulsations lancinantes et sinistres... Et pourtant, même si tous se ressemblent, il n'y a pas de sensation de redondance, les variations subtiles de sons et de textures faisant que la B.O. s'écoute très bien indépendamment des images, grâce à sa force suggestive. J'y reviens, en tout cas, y trouvant une forme de malaise confortable, un sentiment de désolation où la lumière s'infiltrerait par les fissures. Pour qui a été choqué par cette catastrophe, à travers ces récits de sacrifices humains indicibles ou l'exil des malheureux habitants de Prypiat, cette B.O. semble porter en elle plus qu'un simple enrobage sonore, plus qu'une formalité hollywoodienne... Mais un peu de l'âme défigurée du lieu, à l'image de ces forêts transformées en rouille et de cette ville dépeuplée du jour au lendemain, infiniment plus troublantes que n'importe quelle fiction post-apocalyptique, mais bien réelles. Pas si loin dans le temps, ni dans l'espace.

note       Publiée le dimanche 14 mars 2021

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Chernobyl" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Chernobyl".

    notes

    Note moyenne        3 votes

    Connectez-vous ajouter une note sur "Chernobyl".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Chernobyl".

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Fallait dire qu'il y avait mon Emily Watson préférée. Du coup, acheté et débuté le DVD (pas encore reçu le cd)...Bien glaçant...Un test, bordel, un test !

    le_grisha Envoyez un message privé àle_grisha

    BO de qualitay, celle ci m'a bien glacé le sang durant le visionnage de la série. Pour l'anecdote, Chris Watson se cache derrière les field recording captés dans des centrales nucleaires lituaniennes pour cette BO.

    Note donnée au disque :       
    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    J'ai joué avec eux lors de l'unique concert de mon projet Twilight Angelhood, je me souviens de morceaux de ce disques. Plutôt bon dans mes souvenirs.

    Richard Envoyez un message privé àRichard

    Sur le même sujet, le duo espagnol Der Blaue Reiter avec son album "Nuclear Sun" en 2009 a exposé un évocateur et réussi dark ambient.

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
    avatar

    Découvert Hildur Guðnadóttir avec son Without Sinking de 2009 que je trouvais très beau, à la fois épique et si fragile. Vraiment content qu'elle ait trouvé le succès dans les B.O. de films atmosphériques, ça lui sied à merveille.