‘Dans ce monde, on parle bien plus de péché que de vertu.’, ainsi s’exprime le prêtre (brillamment interprété par Brendan Gleeson dans un ‘Calvary’ que je recommande chaudement aux cinéphiles)…De vertu, il n’est nulle question dans ‘The VVitch’, tout est péché, expiation, remords…Banni d’une communauté puritaine en raison de ses opinions jugées trop virulentes à l’encontre de sa communauté religieuse, William émigré anglais dans le Nouveau-Monde du XVIIème siècle et sa famille s’installent à la lisière d’une forêt. La fratrie se compose de sa fille Thomasin alors au stade de l’adolescence, de Caleb le jeune fils fort pieux, épris du désir d’être à la hauteur du second homme de la maisonnée mais également hanté par l’attirance éprouvée vis-à-vis de sa soeur et de ses nouvelles formes, des jumeaux malsains Jonas et Mercy confidents du bouc Phillip le Noir, prompts à chercher noise à leurs aînés et Samuel, le nourrisson qui n’aurait guère de temps à vivre puisque enlevé par une sorcière et tué. Cette étincelle mettra le feu aux poudres de la désintégration de la famille rongée par son hypocrisie et son puritanisme. Robert Eggers, le réalisateur, passionné par les sorcières depuis son plus jeune âge, ne laisse pas planer le doute longtemps quant à l’existence de cette dernière. L’américain choisit de montrer, ce qui n’empêche nullement une lecture second degré, notamment dans le passage à l’âge adulte de l’aînée et les conséquences sur le reste d’une famille trop isolée et rongée de solitude, de frustrations et de dévotion exempte d’amour. On ne va pas spoiler, c’est un chef-d’oeuvre. Idem pour la bande-son composée par un certain Mark Korven. Inutile de regarder le film pour l’apprécier, le souhait de vous taper un bon skeud de dark ambiant glauque suffira. On va la faire claire, j’ai rarement entendu une B.O. aussi terrifiante; franchement, foutez-la à fond dans le noir en forêt ou dans un chalet sans électricité; feu de cheminée ou pas, vous allez frissonner sec. A l’image du film, Korven suggère autant qu’il révèle avec des montées glaçantes de violoncelle, des nappes rampantes, rompant les trames angoissantes par des passages intenses et brefs de percussions rituelles, quelques fugaces voix incantatoires (peu de musiciens, hormis le choeur, des instruments peu communs issus de la culture scandinave)… Tout ça, sans crier gare (‘The goat and the mayhem’, ‘Witch coven’). Aucune lumière, aucune bienveillance, aucun espoir dans cette musique. Le mysticisme de Korven n’est qu’angoisse, tension malsaine, noirceur occulte et les quelques montées ne sont là que pour laisser éclater la peur. Seuls les deux ultimes pièces avec pour but de rappeler que le film s’inspire de textes d’époque compilés pour écrire la majorité de la trame des dialogues dégagent une once d’humanité et encore, la sécheresse du violoncelle et de la vielle ne sont pas forcément de nature à dissiper le profond malaise qui baigne la musique sans le film mais assurément pas le film sans la musique…