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Perrine Bourel › Des Montagnes

cd • 9 titres • 41:07 min

  • 1Glissando5:39 [arrangement de Yann Gourdon]
  • 2Appel2:06
  • 3Rigodon du Château d’Ancelle3:13
  • 4Si e un ene / Éclats5:02 [arrangement de Yann Gourdon (Éclats)]
  • 5Aubade5:44
  • 6Nuit1:08
  • 7L’archet infini4:20
  • 8Ombres4:00 [arrangement de Guilhem Lacroux]
  • 9Andréa6:14

informations

Enregistré à la cabane, la maison, la chapelle de Thuoux en juillet 2018 par Yvan Étienne. Mixé à Mulhouse à l’Horticulture par Yvan Étienne et Perrine Bourel.

Pièces de Yann Gourdon et Guilhem Lacroux, rigodons et aubades traditionnels. Arrangements, Perrine Bourel. Graphisme : Ortega.

line up

Perrine Bourel (violon)

chronique

L’écriture, l’improvisation, la notion « d’arrangements »… Elle (Perrine Bourel, violoniste devenue violoneuse, qui s’est choisie telle), eux (Guilhem Lacroux, Yann Gourdon, ici crédités comme compositeurs) tous impliqués dans cet ouvrage, semblaient le dire, il y a quelques temps, alors qu’on en parlait un coup ou l’autre : c’est poreux, tout ça. Pas de frontière nette – dans ce monde-là, en tout cas, où ils avancent, évoluent, creusent, trouvent, gravent des disques et donnent des concerts, des bals. L’interprétation est une écriture – au fil, parce qu’à mesure qu’une pièce est jouée, le jeu trouve, justement, touche telle dimension, pointe quelque chose, motif, inflexion, qui sera reprise ou pas la fois, une fois d’après. Et l’écriture n’arrête rien, ne fixe pas les morceaux.

De l’improvisation, des essais, de la matière modelée au cours du processus, il y en a eu, certainement, au début de ce projet, de ce solo en particulier. Sur un répertoire « mêlé », si on croit les notes de pochette : quelques pièces traditionnelles, d’autres donc écrites par Gourdon ou Lacroux – et rien qui les distingue d’emblée, à l’œil nu, à l’oreille. C’est encore une autre « territoire » que chez Violoneuses. Parce que Perrine Bourel est seule, bien-sûr, déjà – à jouer. Parce que donc, le matériau n’est pas signé seulement d’un anonyme collectif, d’anciens, de tel ou tel aède de village collecté à un point ou l’autre des transmissions. Mais comme me disait Guilhem, un été : et alors ? Alors, en effet : c’est peut-être bien ainsi, encore autrement, le « folk », la « tradition » qui se continuent, mais défaits de la peur de trahir un canon, un répertoire ; et sans chercher à faire nouvelle école, pour autant, académie alternative – parce que la chose ne se laisse pas cerner, ne donne pas un nom pour de bon, définitif, parce que cette fois encore, ça diffère de ce à quoi on avait commencé à s’habituer, avec La Nòvia, depuis peu ou prou dix ans (les longs mouvements drone, les bouts de collectage repris, mués, faits nuées…).

Perrine joue seule, là, oui – mais en quelque sorte dédoublée. Amplifiée – mais le son de l’ampli à un niveau, un volume à peu près égal à celui du son direct de l’instrument. Avec elle-même, littéralement. Ainsi, la lutherie (bois, cordes, matières encore une fois – atomes organisés qui font des spécificités acoustiques, sans recours aux micros) dialogue avec l’électronique (la membrane du micro, celles des haut-parleurs de l’ampli, l’espace créé par la reverb…) ; interaction, interférences ; l’acoustique du lieu où « ça » joue, aussi, porte différemment, selon, ce qui est émis, la substance empoignée, libérée, circulée, vibrée entre le murs ou sous un ciel ouvert. Les rigodons et les aubades rustiques rejoignent l’épure de certaines gravités baroques ou médiévales, d’une certaine contemporanéité (surtout pas au sens d’un vain « modernisme » de pure forme ; plutôt, encore une fois, par ce fil qu’elle tend, déroule, de ce qui pensé, inventé, saisi une fois, un temps, s’est poursuivi, peut nous traverser ou nous frôler maintenant, là où nous sommes ; mais oui : par moments – et d’autres avec leurs charges et cheminements à eux, penseront sans doute à d’autres noms – à Dowland et Kagel, à Marais ou Berio… tout ça ensemble ; pas longtemps, et à peine « par exemple », furtivement avant de cesser de retourner au flux, en même temps que lui). Puis ce dispositif, soudain, sur d’autre pièce, ouvre d’autres champs – permet de plonger dans les charges du son, son relief soudain multiplié, accidenté, pleinement sensible (comme en un extrême gros plan qui nous y immergerait, en troisième dimension). (L’Archet Infini, qui suit une « Nuit » qui ne semble être que le son concret, enregistré – très vif et apaisant – d’une rivière, d’un cours, là encore). Et pas de ruptures, entre tout ça, rien qui fasse plaqué, exercices de passages, passerelles fabriquées. C’est le timbre, ce sont ceux-là, sans-doute, qui sont encore une part du lien – au sens ou dessins mélodiques et purs heurts (ce qui paraît comme tel) procèdent de même sons, de ce même grain, une dernière fois : de cette même matière où sont celle qui joue, ce qui se joue, ceux et ce qui de l’extérieur, des dedans, de l’entre-tous, se loge, prend formes, change et reste.

Selon les sources – les pages, celles sises en la Maison Nòvia, celles personnelles de la violoneuse… – ce disque s’appelle Perrine Bourel, tout simplement, ou Des Montagnes. (On en parlait, de celles-là, zones transhumées et transitoires – et immensément fixes – à propos de Violoneuses). Bien-sûr, encore, peut-être que « peu importe » – puisqu’aucun des deux titres, de toute façon, ne ment, ne peut tromper sur ce qui s’y entend.

note       Publiée le mardi 14 avril 2020

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    et oui au fait, vu qu'il y a eu un avant qui n'a même pas un an et que selon brice teinturier on serait 65% à donner notre foie gauche et le prix du billet du Hellfest pour un ptit concert à Montreuil pépouze avec 15 personnes et un bavard de comptoir proximal, j'avais capté çà, soit peu ou prou le disque live : http://spaceisamess.blogspot.com/20...

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    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    on est loin et proche de "la folk", oui, du coup. Disque piégeux, qui a mis un peu de temps à infuser dans ma marmite. Parfois rugueux ( surtout cet intro au glissando, un part de la fin du disque également), J'y trouve l'occasion d'écouter son timbre, le soin de la prise de son, et je mets un peu en arrière plan les compos. Et si on est immédiatement happé par la piste avec ambiance cigales (et directement reversé-es dans la pinède, pour les plus chanceux-ses), on est aussi ailleurs - un lien ptet bête mais vu que j'ai rematé le Wicker Man récmment, l'usage du violon m'y ramène irrémédiablement.

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