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Violoneuses › Violoneuses
- 2015 • La Nòvia NÒV012 • 1 CD
cd • 6 titres • 43:25 min
- 1Marche Finlandaise/Lo Mes de Mai7:55
- 2La Cadena/Marche à Alfred Mouret/Nosferatu/Paire N’Ai Tant/Coulée/Los Chomeilhos14:50
- 3Mon Paire5:38
- 4Les Filles de Mens/La Comaire/Allà Ve la Fò6:41
- 5Polkas Obessesion1:37
- 6Songez à l’Autre Monde6:44
informations
Enregistré au Fayore à Charikkol en avril 2015 par David Bouyard. Mixé au Gourgeas à Monoblet en juin 2015 par David Bouyard et Violoneuses.
Graphisme : Ortega.
line up
Perrine Bourel (violon, violon grave, chant), Mana Serrano (violon, violon grave, chant)
chronique
Plus encore que Faune – autre duo du collectif La Nòvia – Violoneuses porte cette impression, ce sentiment d’une proximité, d’une intimité partagée. Surtout, qu’elle est d’autres lieux, moins… Domestiques. L’intimité de Faune – sa douceur comme sa gravité, ses joies et drames contés, partagés – est celle de veillées villageoises, du foyer qui s’ouvre pour telle ou telle occasion fêtée, où se colportent les nouvelles, de bourg en hameau. Celle de Violoneuses est celle d’un… Dehors. Isolé. Entourée d’une nature sans murs – aux pierres à peine façonnées, changées, à peine abris. C’est celle des montagnes – alpages et transhumances, nuits étoilées, feu dont on doit se tenir très près pour qu’il chauffe, éclaire. Bien-sûr : des histoires communes s’y échangent, sur ces chemins, aussi, comme « en bas » ! Des grivoiseries (Cadena… on ferait difficilement plus explicite en terme de métaphores – et de conclusion, encore plus). Mais on y parle fleurs sauvages, aussi – et de ces saisons où l’on part, où l’on quitte la vallée (Lo Mes de Mai). On y évoque – elles nous l’avaient expliqué à un concert – la proposition de la bergère au berger – car ici c’est elle qui emploie. Et dans ces abords, ça n’exclut pas l’amour. Qui est charnel, donc – et trivialités et odes poignantes ne s’excluent pas, l’une l’autre. La vallée, les domaines, existent toujours – mais c’est un autre monde, un autre rythme, d’autres hiérarchies, d’autres libertés. … Violoneuses, chez La Nòvia, ouvrent un autre pays, d’autres paysages, sur des répertoires voisins. D’abord, d’ailleurs, leur manière m’a surpris, dans ces parages : pas de drone – ou peu, différemment. Pas de ces longues plages cycliques entendues chez Toad, La Baracande, Jéricho. Pas de vielle, de cornemuse – de ces instruments très évidemment bourdonnants, qui garde en fond constant, font s’étendre, flotter, sculptent les harmoniques. Du timbre, des timbres, pourtant, dans ces deux violons (et violons graves, selon les plages) ! Le bruit des cordes – qui est leur musique. Les frottements, les attaques, les angles des crins (archets) avec le métal – le son direct de la matière. Les ritournelles ici nettement dessinées, souvent – doubles-monodies pas prises là dans les nuages de fréquences, tournées au plus brut (d’où aussi : qu’on en discerne tout de suite la beauté première). Perrine Bourel et Mana Serrano chantent – en occitan, en français, l’une tenant une ligne (comme une basse continue, un ostinato) tandis que l’autre déroule celle du motif, l’orne à peine, en travaille l’inflexion exacte. Les instruments, aussi, chantent – ce qui fait qu’à deux elles sont quatre voix. La danse est là, quand il faut – frappée du pied sur la planche qui résonne, ou sur le corps de l’instrument. Des espèces de kazoos s’ajoutent – à la fois moqueurs et gracieux dans leurs trajectoires voletantes, esprits perturbateurs au goût de fer qui vient strier l’air. Par moments aussi tout semble se déstabiliser – partir dans une abstraction de contours alors que la matière sonore, encore elle, se durcit, se fait encore plus granuleuse, granulaire. La nuit s’engouffre – dans les cassures, aux angles étranges. Les deux mêlent à ces chants anciens des techniques – des improvisations – parfois brutales, pizzicati rudes, glissandi qui écartent ou étranglent l’espace, techniques, donc, qui en rappellent d’autres, entendues dans d’autres « sphères » (dites classiques-contemporaines, dites « musiques nouvelles »…). Des qui ne s’attachent, ne se tiennent prisonnières d’aucunes écoles – répertoires de gestes et de touchers, pris au même niveau, dans le jeu, que celui des morceaux repris, auparavant collectés, écoutés. Par là – comme tous les groupes, tous les musiciens de La Nòvia ; mais à mon sens prenant un chemin jusque-là peu ou pas emprunté par le collectif, empruntant d’autres moyens (instrumentaux, d’arrangements) – Violoneuses rejoignent les lignées folk, traditionnelles, en ne figeant rien, justement, en ne singeant personne, des « anciens » repris… continués. La musique consignée – gravée, notée – redevient part d’une tradition orale, retourne au flux. Les « trahisons » – aux supposés « canons » – techniques, approches hétérodoxe, adaptations des paroles (comprises de là où elles sont émises à nouveau, aussi) – sont des appropriations justes, accordées aux voix du conteur (des conteuses, en l’occurrence). Elles ne « totalisent » tien à nouveau – en de nouvelles version qui feraient lois intouchables. Ces musiques ont toujours voyagé ainsi – changeant de contrées, les noms des localités s’adaptant, la couleur des patronymes, les langues et dialectes à mesure que telle mélodie rencontre certaine histoire, fait divers, coutume, volonté, mètres, adages. Cette « mobilité » prend une dimension particulière, ici – les morceaux abordés venant de pays qui ont toujours fait frontière, aires enclavées par les royaumes, régions-frontières (l’Occitanie – c’est vaste, oui – et les Alpes du sud). Les sentes, alors que la pente change… Et le disque finit sur une tranquille annonciation d’apocalypse – un rappel, que cette fin arrivera, un jour ; qui sonne, en fait, comme un appel à vivre, ici, sous les astres, entre les mers. Manière de prière ambigüe, au fond – presque païenne dans les images qu’elle invoque, peut-être de telle ou telle hérésie qui dans ces parages faisaient des cultures, des existences, à confondre ainsi, à peindre ainsi le monde concret comme indistinct du règne divin, peut-être. « Toutes les étoiles du firmament, la lune et le soleil »… ce sont eux qui s’abattent, dans cette parabole, et la mer qui flambe – images saisissantes mais… Nuls cavaliers ici, nul gouffre infernal distinct qui viendrait avaler la création. « Réveillez-vous, tous les Endormis ». Et ce monde où l’on se lève se parcourt à pieds – sentes, pierriers, percées transversales à travers les herbes drues.
note Publiée le lundi 13 avril 2020
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Ah. Euh, ben... Je ne te promets que tu y trouveras la même chose, là, hein.
- Note donnée au disque :
- nicola › Envoyez un message privé ànicola
Han ! Je me souviens d’un groupe des années 80 qui chantait « On était quatre violoneux. » et du groupe Violon profond qui passa en ouverture de Gogol premier et de Lofofora.