UXO › UXO

Cours de chimie du mercredi. J'ai enfilé mes gants et mis mes lunettes de protection. Je vous demande à tous d'être attentifs, car je vais prendre deux composés extrêmement réactifs et explosifs, et les mélanger, pour vous montrer une réaction étonnante. À ma gauche : chrisspenceralyde d'unsanium. À ma droite : steveaustinidrate de todayisthite. Par mesure de sécurité, je vous demande tout de même de reculer d'une dizaine de mètres... Là... Je verse et... pffffffft ! Du noise rock emo correct sans plus. UXO, le groupe confidentiel monté par, excusez du peu, le leader de Today Is The Day et le leader d'Unsane, est bel et bien... C'est drôle à dire, mais oui : sympathique. Et c'est un peu le problème : "sympathique", c'est pas vraiment ce qu'on attend d'un album - un E.P. non ? - avec Chris fuckin' Spencer et Steve fuckin' Austin. Passée la première impression de disque rigoureusement anecdotique, UXO s'écoute tranquillou, et c'est bien le problème venant d'Austin et Spencer, il n'est essentiel ni dans l'œuvre de l'un ni dans celle de l'autre. Mais putain, j'avais envie de l'aimer ce disque, j'avais envie qu'il soit tellement plus que cette session studio, cette récréation de terreurs au chômage, qui donne en fait exactement ce qui devait être une fusion Unsane/TITD en terrain neutre : quelque chose qui s'auto-invalide. Quelques motifs aux riffs bien acides, sans surprise, viennent se rappeler à nous : "Redlegs" flirte avec le danger, une fusion Today Is Unsane un peu plus chargée-corrosive, et la mélodieuse "Everything's a mistake" n'aurait pas fait tâche sur Visqueen, dans le genre Spencer sensible. Une malbiche ou un café noir, pas d'affolement pour le cœur. J'écouterais ça l'été sous ma casquette Unsane, en tondant la pelouse chez Papa. Le reste est très rugueux, voire cogne dru ("This won't take long") mais me glisse dessus. Rock braillard de rednecks agressifs, rompus à l'agressivité, blasés de l'agression. Rien de plus à signaler. Cette pochette est parfaite.