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Theoreme › L'Appel du Midi à Midi Pile

lp • 9 titres • 34:53 min

  • Face A
  • 1Let’s Start3:01
  • 2Kool Shen sur le Toit3:20
  • 3Leader de Serveurs3:26
  • 4De la Côte d’Azur3:21
  • 5L’Appel du Midi4:13
  • Face B
  • 6Punk Vortex3:31
  • 7Foehn3:12
  • 8Moyen-Âge3:47
  • 9Rave party5:57

informations

Enregistrées en 2014-15. Master : Patrick Muller.

line up

Maïssa

chronique

"Let’s start what we have come into the room to do"… Oui, commençons, direct. "Wich means"… Voilà, c’est ça la blague : c’est qu’on ne vous dira pas ce que c’est. Ce que ça veut dire. Le truc se met en boucle et n’explique rien. La basse bizarrement roule – est-ce qu’on peut rouler raide ? Apparemment… La voix – c’est un sample, sur cette intro – saute comme un bidule rayé, sature, se pulvérise en nuage dub dissolvant. Le morceau d’après, c’est Maïssa qui revient au micro. Elle cause de Kool Shen – sauveur avoué, mulet christique. Elle parle d’une jeunesse goth perturbée. Rats en papier. Pas moyen de savoir à quel point c’est autobio. Ce rythme qui claque à sec, cet organe toujours comme glacé – toujours l’impression qu’il me prend à la gorge, qu’il veut me laisser au mieux une pharyngite. Theoreme : musique toujours bouclée, autonome – disais-je, et j’insiste -, mais toujours pas hermétique. Voilà qu’elle raconte un épisode oublié de notre Commune en marche : les loufiats qui se révoltent, aux armes, je-suis-en-terrasse (et-je-vais-te-planter-ducon). On ne sait toujours pas si elle déconne ou si c’est plus méchant que ça, le narquois dans la diction, si elle se fout de nous ou pose pour autre chose le désinvolte, sans le sur-jouer, comme ça, pas semblant d’amical. On a toujours cette certitude pourtant : que pour une fois, qu’enfin, que ce coup-ci, qu’à nouveau, on tient un truc pas méta, pas troisième degrés ou pire ou que sais-je. Que la distance affichée ne fait que nous mettre plus frontalement la tête dedans. Le détail est brutal – certains de ceux-là parfois bizarrement noyés, il me semble, par un mastering un peu étrange, sur ce vinyle, qui oblige à monter le volume. Qu’importe, une fois le son assez haut, au bon trop fort : les textures craquent, magnétiques (comme la bande du même nom dont – technologies numériques ou non dont elle a bien dû se servir pour combiner la machine – cette musique m’évoque immanquablement l’odeur, le souvenir du toucher, la mémoire qui se détruisait quand le ruban se coinçait en embrouillamini et se déchirait net). Un sillon fermé au bout de la face A. La B commence par un Vortex. Elle y prend sa voix la plus Regan McNeil – mais alors version blasée, dédaigneuse ou plus certainement... Indifférente, tout simplement. Suit un hymne au vent-qui-chauffe-et-qui-rend-fou – et c’est superbe, ça, vraiment, soudain pas du tout moqueur. En fait allez : tout est vrai. C’est bon d’être aussi brut et sans serrure apparente. Ces textes parfois "antipoétiques" au possible ou absurdes ou aux allures de pensée qui coule, dérive, se dévide – qui par là, vieux truc surréaliste ou dada ou pas (ou… on s’en fout : puisque ça marche !), retrouve ce qu'ils s’étaient mis à perdre il y a longtemps en se mettant à brillamment mentir. Ce lyrisme inattendu – Foehn, donc – à de rares moments. Ce mélange d’émotion souvenue et de petites précisions répugnantes sur les chicots ou le survêt’ – Rave Party, au fait, est devenue une de mes préférées, avec sa diction agaçante et ses queues de râles voilées-tournées ("illégaaaèèèiinles …"). Ce qui fait que cette face B est pour moi sans défaut – plus aérée que l’autre, les bouts moins identiques et pourtant sans interstices qui seraient inutiles. Ça rêve mal embouché. Ça sourit l’œil ailleurs. Ça fixe. Ça vous fixe encore. On ne sait pas si ça menace ou si ça promet ou si ça s’en fout, de nous. L’électronique poursuit le taf des mains et de la gorge – artisanale et inexorable, imperturbable. J’ai l’impression qu’on m’invite à une fête où pour se tenir chaud, il faut jeter un radiateur arraché, présenté à l’entrée, dans le puits au milieu de la pièce. Ça fait un feu bleu aux relents de peinture qui bulle, éclate, calcine, à la ferraille qui se déforme et aux plastics qui gouttent et enflent. Je suis content, au fond, de ne pas trouver mieux à en dire : plus technique ou plus fleuri ou plus long encore. C’est encore comme ça qu’on pourra le plus sincèrement dire, après : "vous ne pourrez pas prétendre qu’on ne vous a pas prévenu". (Et puis d’ailleurs, le titre du disque vous le carillonne – ce qui est prêt à sonner sa sirène en connectiques).

note       Publiée le mardi 17 janvier 2017

chronique

Certains parviennent sans le moindre effort à se rendre insaisissables et tracent leur chemin de l’extérieur vers l’intérieur (mais de quoi ? c’est là la question). « Théorème » a déjà des airs de nom de code, pour celle dont j’ai d’abord entendu parler comme la chanteuse-synthétizeuse de SIDA, qu’un éminent no-wavologue m’avait présenté comme un « groupe de no-wave »… attribution qui éveille forcément la suspicion, sauf quand celui qui parle est l’un des rares à ne pas se méprendre sur la nature de « no-wave ». Théorème garde, dans un mélange indémêlable d’approximation technique et de farouche volonté de ne pas plaire, un coté démo sauvage, échardes et rouille striant le grain de ces chansons hyper-directes. Pas d’intros, du kick et des aigus de sagouin, boîte à rythme au son brut et caverneux, basse qui a foutu ses protège-tibia pour le pogo, et toute une batterie de coups secs, larsens, lacérations, de guitares et autres, qui se concassent dans cet espace exigu mais curieusement… venteux, pour former ce j’appelle de la musique de tunnel, toute en lancinance introspective basique. Théorème squatte les interstices où personne ne s’attarde, et y installe un sound-system entre clameur frigidaire et poésie des cliquetis. Les membres raides, l’esprit monomaniaque, on plonge. D'emblée, la naïveté involontaire du projet attendrit le chroniqueur griffu, qui tient à sa prétention débile de savoir reconnaître un tube : c'est bien beau de dégoupiller une claquouze dancefloor pour conduit d'aération comme « Kool Shen » dès le départ, mais comment l’album pourra maintenir ce niveau de funkytude, après un tel tube, que dis-je un tel pilier de chantier en aluminium tâché de ciment séché, après, hum ? Forcément, on bifurque, et c’est ce que fait L’appel du midi à Midi pile, qui est un disque qui pense, mais aussi qui pique et qui grince pour brouiller les contours de cette voix de teigneuse cheap, à la diction antipoétique et anti-catchy au possible, autant dire un sacerdoce pour du chant en français. Personne ne chante en français comme Théorème. Ça veut dire ce que ça veut dire, ça veut pas dire que c'est la meilleure façon ni la plus avant-garde ou quoi... Mais cette étape prise-de-chou-recherche-de-rimes-tordage-de-syllabes censée donner du style à ceux qui n'en ont pas, et qui gâche tant de disques en français, Théorème l'a sautée, strappée, squeezée, pour se retrouver avec des lignes de chant en prise directe avec son cerveau, sans mise en forme, en mode fichier .txt, ça passe ou ça casse. Et ça passe, étonnamment, comme un texto hors-forfait de l'année 2002, ou pour être plus générique, à la façon sèchement naïve et instantanée des voix féminines du post-punk du tournant 70/80. Et Dieu sait que je suis difficile question chant en français. C'est justement, précisément, ce côté « Straight Outta Cortex » qui fait mouche ici, pour peu qu'on ne soit pas fermé aux ruminations souvent drôles, jamais ironiques ni complices, de l'auteure, sur les serveurs ou bien sur sa région natale. « De le côte d'azur » est d'ailleurs sidérante d’assurance dans son non-genre ; c'est-à-dire la ritournelle enfantine dégommant l’air de rien les clichés environnants (En PACA, les clichés portent des lunettes de soleil et roulent en GTI), le tout sans rien renier de la nonchalance inhérente à ce maudit endroit du globe. On comprend, à ce titre, et au titre de l’album, que Théorème carbure à l'huile d'olive pure de contrebande, celle pour laquelle la violence est de mise. Pensez Puget, la lettre à Elise martyrisée par un chœur de pétanquistes bedonnants et moustachus (oui je sais, la côte d'azur, c'est pas post-punk). Le genre de titre qui, avec « moyen âge » et « foehn » (un titre en apesanteur, obsédant, parfait) touchent au Bizarre, rappellent que dans ce coin-là, via les « alpes archaïques », on passe assez vite du 30° à l'ombre réglementaire au – 2° des sommets alpins, et que les brumes cold ne sont jamais loin... C'est à ces moments que l'album arrive à faire oublier le coup de fouet inaugural de « Kool Shen », rappelant l'air de rien qu'il y était déjà question de « martyre » et de « sous-sol chez les gothiques », subtil mélange de réel un peu toc et de présages nordiques (« Foehn », encore, on y revient). Le froid de midi... un délire made in ciboulot, garanti sans interférences du Monde Droit - parce que du monde des samples lo-fi, ça oui - là où les beats et claps dancehall sont barbelés, et ça c'est précieux. On critiquera tout au plus le côté un peu trop « glavioté sans astuce ni préméditation » de la voix, censé garder intact le côté punk râpeux voire rap punky (du hip-hop ? il y en a ici, blotti dans la brume et le goudron.), mais qu'on peut trouver dommage vu la personnalité unique de l'ensemble, dont ladite voix est largement responsable. Cela dit, la production globale est déjà tellement bien dosée qu'on imagine pas un chouïa du disque sonner différemment. Vu les couches de samples et instruments amoureusement empilés (et non joués live), le tout en mode 100% home studio solitaire, sans batteur, on frémit à l’idée de ce que ça aurait donné avec plus de limpidité. Surtout quand le chant-parlé est aussi varié et... nuancé. Mais on va dire que c'était de la timidité. Ovni !

note       Publiée le mardi 17 janvier 2017

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Hop, c'est son heure à nouveau, son temps idoine. Joie des longues matinées fraîches après le jours de lourdeur, gloire au dub-congélo, à Kool Shen (auréolé de son mulet christique), aux perfs courtes en solo devant un public pas venu là pour/pas capable de frimer... Et vive les Ccommunards, Connard.

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Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Bah tiens! Elle passe à 5 minutes de chez moi ce vendredi.

DukeOfPrunes Envoyez un message privé àDukeOfPrunes
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Haha non, pas forcément le thème médiéval même si, en effet, il y a quand même une petite référence. Opera Multi Steel (du moins au début) c'est assez carré dans le genre coldwave, minimal, voix féminine plutôt monocorde. Theoreme me fait un peu penser à ça. Peut-être une réactualisation, ou alors je dis de la marde, mais c'est ce qu'elle m'évoque avec sample. Bon, avec ou sans Paul, faudrait savoir. (oula, il est tôt)

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

a part le theme moyennageux, qui n'est quand meme pas principal chez Theoreme.... deux bouts de la coldwave.

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Ah ben... Faudra que j'écoute ça (Opera Multi) pour me rendre compte ! J'avoue qu'un truc dans leur imagerie, leurs titres etc. m'a jamais donné trop envie d'y aller voir mais là ta question m'intrigue ! Tu penses à un album/des morceaux en particulier, où ça ferait le joint entre leurs musiques, à eux et elle ?

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