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Borbetomagus › Borbetomagus

cd • 6 titres • 48:03 min

  • 1Concordat 112:13
  • 2Concordat 25:48
  • 3Concordat 35:19
  • 4Concordat 49:28
  • 5Concordat 57:34
  • 6The Lost Concordat7:55

informations

Enregistré le 12 avril 1980 au Skunk Hollow Recording Studio, Pomona, New York, par Joseph Quesada, assisté de Kevin Junkins.

Concept de la pochette : Dietrich/Sauter. "Concordat 6" est présent sur l’édition CD de l’album uniquement. Il s’agit d’un enregistrement restauré, tiré de la même session que les cinq autres plages, mais dont la bande avait été « salement endommagée » entre temps (dixit les notes de pochette).

line up

Don Dietrich (anches), Donald Miller (guitare), Jim Sauter (anches), Brian Doherty (électronique)

chronique

Bruiteux numéro 1 : "Ah ça y est les gars, je tiens notre titre".

Bruiteux numéro 2 : "Hum, ouais ? Envoie ?".

Bruiteux numéro 1 : "Borbetomagus".

Unanimité des trois autres bruiteux : "…".

Bruiteux numéro 1 : "Si… Les mecs ! Bor-be-to-ma-gus ! Ça sonne, hein !"…

Bruiteux numéro 3 : "Remarque, ouais… Ça fait ‘borborygmes', 'barbare'… Et puis un peu maladie de peau. Ça sonne, ouais…".

Bruiteux numéro 2 : "Hmmm… Pas mal, OK. Et… Ça veut dire un truc ?".

Bruiteux numéro 1 : "Ah, euh, ouais… C’est le nom d’un ancien camp romain en Allemagne. Enfin, maintenant c’est en Allemagne, quoi, avant c’étaient les invasions. Après c’est devenu une ville. Qui s’appelle… Worms".

(Silence interloqué autant que soudain et bref et cogitant des quatre Bruiteux).

L’un des bruiteux au hasard : "Eh ! ‘Worms’ ! Comme… Les vers, quoi ! C’est bon, je vois la pochette : nos gueules imprimées sur des coupures de gazettes, avec des lombrics qui grouillent par dessus. On se brandit chacun !".

Autre silence de l’assemblée des Bruiteux, qui signifie successivement ou en vrac : "Dégueulasse, génial, ça se tente… Adopté ! Bon, pas que ça à foutre ! On a un album à plier, les gonzes ! Allez… ‘Plage 1, prise 1 ! (Et puis ce sera la seule, tiens)".

...

Bien entendu, toute la scène est imaginée, fantasmée. Je n’ai à vrai dire aucune idée du pourquoi ni du comment ils – Sauter, Miller, Dietrich, Doherty – en sont arrivé là : à ce nom, à ce disque, à passer une première fois en studio. Du sérieux ou non de la démarche dans la mise en scène-jeu de mots incompréhensible si on ne connaît pas l’origine dudit titre – Borbetomagus ; qui pour le coup avait bien été d'abord le nom de lieu rapporté plus haut (et qui signifierait d’abord "camp des sources chaudes" ou quelque chose d’approchant) – sur la pochette, avec la vermine et le papier froissé. Ce nom, d’ailleurs, ne devait au départ pas être plus que le titre du disque. Il est resté comme celui du groupe. Il leur a collé. Ça convient parfaitement. Comme ces intitulés de plages dont on ne sait pas s’ils filent la métaphore, découlent d’un choix de hasard, tiennent de la simple blague. (Des "concordats"… Entre qui et qui, qui et quoi ? Les Burgondes et l’empire romain ? La bande magnétique et l’excès débordant de fréquences et de volumes poussés trop loin pour le raisonnable ? Les fantaisies un moment confrontées, amalgamées, frottées, de quatre timbrés aux gueules douteusement avenantes ?).

Peu importent les conjectures : le son et l’histoire du vocable – "Borbetomagus", ça bouillonne et ça rampe, ça glisse, ça clame, ça grogne des consonnes – disent parfaitement la chose. Aussi peu compréhensibles, alambiqués, pas civils, que ce qu’ils lâchent. Des paquets de bruits, donc. Deux saxophones en souffles continus, en assauts contre leur propre métal et la tempérance des gammes prévues par le constructeur. Une guitare dont les dégueulements et autres stries ne la distinguent pas forcément des deux premiers. Un manipulateur de circuits, machines, effets, qui aggrave leur cas et la confusion. Aussi, déjà : une très grande maîtrise des enveloppes, des masses qui se passent par dessus-dessous, se déchirent mutuellement, se cognent. De l’amplification qui crée des boucles et des ondulations insoucieuses des lois sur l’isolation sonore. Dès là aussi : on a envie de monter toujours le potard de l’ampli vers "trop fort", d’inviter les voisins sans mot, en mode "si tu l’oses".

Soyons exacts, pourtant : si tout y est, plus qu’en germe, ce premier album est à part, un peu, de la suite. Non qu’il soit un tour de chauffe mais sa forme n’est pas celle – comme beaucoup de ceux qui suivront, très souvent enregistrés en concert et assez vite en trio (Doherty ne sera plus alors membre permanent du groupe) – de l’attaque brutale, frontale, directe. Celui-là est un autre vice. Le boucan y vient plus progressivement, le désagrège en lents renflements qui en même temps s’étirent, s’étendent. La densité n’y est pas faite pour d’emblée et presque tout au long vous éclater tous les récepteurs, vous dissoudre dans sa vibration. Je ne sais pas si c’est pire. Mais c’est plaisant, à sa manière. (Je tourne encore d’un cran, hop : "up to eleven"). Comme dira quelqu'une, d’un autre gang – japonais, celui-là, et avec qui les ci-devant New Yorkais graveront d’ailleurs un disque en public – ça fait une sorte de massage si on se laisse aller. Et puis là, certains passages ayant presque des allures de soli déboussolés, on a tout le loisir de goûter l’acidité, le granuleux de saillies qui nous coupent plus nettement la langue, la cornée, le palais, les tympans ; d'autres surfaces, anfractuosités, organes.

C’est déjà du bien beau bruit. Du plus fracas viendra bien vite. Ça ne cessera pas de sitôt. Et cet éponyme-par-accident (ou par malentendu) est une entrée en matière qui la connaît déjà bien, ladite, aime déjà comme il faut – et comme il disconvient – en triturer les molécules, les charges, les reliefs. Il s’écoute – oui, j’insiste – aussi fort que tous les autres de la bande. Il est bien plus finaud qu’on croirait d’abord. Il vieillit plutôt bien et les strates suivantes qu’eux et bien d’autres allaient libérer, en flots et écroulements, en pyromanies, ne l’ont pas à ce jour recouvert. Il y a un inédit, tiens, sur la version CD. "Restauré", nous dit-on. (Le plus beau étant que c’est sans doute vrai puisque les enceintes me le régurgitent avec une aussi belle définition que les cinq plages précédentes). Et un auto-collant sur le devant "Includes their Smash Hit Concordat 4". C’est malin… (Allez, un cran de plus).

Aïe ! Mais je l’avais oubliée, cette entrée en violent sifflement dudit "Lost Concordat". Les voilà qui s’annoncent comme on les connaît, finalement. J’ai quand-même l’impression, au bout, que le mur derrière l’ampli aimerait bien saigner une espèce de fluide.

note       Publiée le mardi 11 novembre 2014

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Anecdote tordante (d'ici):

We had a problem with our first album in 1980. The mastering engineer asked me to come to the studio because the tape reels weren’t labeled clearly. They couldn’t tell if the tape was tails in or tails out—if it was playing forward or in reverse.

glaire Envoyez un message privé àglaire

5/6 pour le disque, 0/6 pour la grammaire.

Note donnée au disque :