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J.B. Lenoir › Down In Mississippi

  • 1980 • Bellaphon LR 42.012 • 1 LP 33 tours
  • 1995 • Evidence ECD 26068-2 • 1 CD

cd • 12 titres • 32:05 min

  • 1Down In Mississippi3:15
  • 2Slow Down Woman1:33
  • 3If I Get Lucky2:59
  • 4Shot On James Meredith2:46
  • 5Round And Round2:51
  • 6Voodoo Music2:25
  • 7Born Dead3:45
  • 8Leavin’ Here1:36
  • 9Vietnam Blues3:03
  • 10How Much More2:32
  • 11Tax Payin’ Blues2:20
  • 12Feelin’ Good3:00

informations

Enregistré au Sound Studio, Chicago, le 2 septembre 1966, sous la « tutelle » de Willie Dixon.

L’édition Evidence de 1995 regroupe les albums Alabama Blues (plages 1 à 12) et Down In Mississippi (plages 13 à 24), sous le titre Vietnam Blues. Il semble que ces deux disques n’aient par ailleurs jamais été réédités séparément en versions CD.

line up

Freddie Below (batterie), J.B. Lenoir (voix, guitare acoustique)

Musiciens additionnels : Willie Dixon (deuxième voix sur 1 et 12)

chronique

J.B., l’année d’avant, nous disait qu’il n’aimait pas l’Alabama. Et que cet État, en retour – ou plutôt en premier – ne faisait pas grand cas de lui. C'est épidermique, ces question là – littéralement, quand cette histoire de mélanine vous destine à finir, cas échéant, au bout d’une corde. "Enlève-la de mon cou", demandait-il plus loin. C’était une exigence… En 1966, lorsqu’il retourne enregistrer à Chicago, J.B. Lenoir choisit cette fois de nous parler du Mississippi. Racines, toujours, sud contrasté mais clos encore. Et cette fois, en ouverture, ce sont très franchement, avec sa guitare, des percussions de parade, de transe tranquillement amenée et fermement tenue. Mumbo Jumbo, comme disait l’autre – histoire de peuple, d’Esprit, d’esprits… Histoire d’Histoire reprise en main. Tentative. Et forme accomplie. La musique de Lenoir, ici, est encore plus subtilement multiple, traversée d’inflexions anciennes qui se plantent dans le vif du jour où il les expose. Encore plus puissante sous son calme. Sa voix toujours plus assurée. Plus fin et plus mordant son verbe ironique, son talent raconteur. Plus sarcastiques et mieux senties ses paraboles retournées. (À l’envoyeur, contre les fables lénifiantes). Ses thèmes restent les mêmes – enrôlements et geôles, la guerre à l’extérieur où l’Amérique veut l'envoyer mourir… Vieilles Ballades Meurtrières, aussi – tout un pan de la tradition, ça, dans le blues et les arts vagabonds attenants – qui ne sont pas là pour édifier mais pour rappeler comme ça fait mal. Plus que jamais, Lenoir est détenteur et maître de ce timbre déchirant et de cette diction lucide, détachée, détachant chaque syllabe, chaque son. Édictant comme les Anciens ses plaintes – mais maintenant, en cette époque, c’est pour en révéler le mauvais fond historique, la fraude qui est racine du mal. Car naître maudit, fini – Born Dead, mot pour mot comme dira l’autre vingt-huit ans plus tard (Ice T, oui), comme il l’aboiera, plutôt, sur fond de guitares et de battue ô combien plus lourdes – ce n’est pas une question de lignées fautives et punitions divines. C’est une histoire – sombre histoire – de classes décrétées races, de bas commerce, de géopolitique, d’outrage politique – à la constitution, carrément – d’alibi génétique. Et les arpèges délient, les grelots tintent et la voix file ses lignes étirées, calme les peurs et cherche encore à provoquer l’éveil. Elle parle d’impôt qui grève et de sentir en soi l’amour qui bout et qu’il faut contenir parce que l’autre est économe. Elle parle vaudou. Et c’est tout un : ça lutte, ça manque, ça déconne toujours quelque part. Ça parle pourtant, à la fin, de se sentir bien, enfin. Elle dit "c'est à toi que ça tient mais le monde dehors dira rarement oui". Et puis d'ailleurs c'est une méchante idée, encore, qui couve, sous ce joli titre : ça traite en fait de l'industrie, des machins qu'on vous vend pour vous anesthésier et vous flatter et vous déposséder ; et des épaves et des coupe-gorges que ça vous fout dans les rues… C’est un peu un miracle d’y tenir comme ça, de s’accrocher encore dans ces conditions. Il faut faire face, résister, désirer, encaisser. Il faut que ça change, c’est à dire : il faut bouger. C’est encore chaud, cette musique, toujours pas engoncé, en ces mains, cette poitrine, cette bouche, tous ces membres… L’année d’après, J.B. Lenoir, à trente huit ans, la passerait à gauche. Accident de voiture. Hémorragie interne mal diagnostiquée. Ça ne pardonne pas. Lui non plus – et sa musique demeure ainsi – n’était pas trop du genre à s’excuser. On serait bien du type à regretter que ça ait si vite cessé.

note       Publiée le vendredi 10 janvier 2014

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    (Ah ah ! Oui, étonnant hein ?)

    Mais... Attends ! Y'en a une avec un OISEAU, dans le lot, eh ! Alors ?

    (Je te les présenterai, allez... Et cimer pour eux et elles, donc)

    Batwings Envoyez un message privé àBatwings

    ça alors, un mec et sa guitare. (Je m'y mettrais un jour à ta série de bluesman, parole de Belette - tes crho donnent sérieusement envie)