Le doom, ça n'est pas qu'un truc de blancs...Personne ne l'a prétendu mais s'il est clair que le proto-doom doit beaucoup au blues (écoutez le Sab' à leurs débuts), trouvez-moi des musiciens noirs oeuvrant dans le genre. Pas si nombreux, hein ? L'une des exception notable en la matière reste un combo du Maryland fondé justement par deux blacks, le guitariste Alfred Morris III et le bassiste Larry Brown inspirés par, devinez par qui ? Avec un nom pareil, c'était inévitable. Du line-up d'origine, ils sont d'ailleurs les seuls survivants puisqu'un batteur et un nouveau chanteur ont été recrutés. Un chanteur plus qualifié pour leur type de musique d'ailleurs, expliquant probablement le fait que ce second enregistrement soit plus souvent mentionné que le prédécesseur. 'The Passage', c'est du lourd, du doom à l'ancienne faisant risette de loin au heavy (certaines intonations de la voix de Rob Levey s'approchent d'ailleurs de Dio) dans l'ombre bienveillante de Black Sabbath. Ce qui n'empêche nullement une véritable créativité dans la démarche car si Iron Man a capté l'esprit de ses influences, il ne cherche pas à leur piquer leurs plans comme le font trop de groupes aujourd'hui. Le jeu de guitare témoigne d'une véritable recherche personnelle et d'une grande honnêteté d'interprétation avec quelques beaux passages en adéquation avec le chant (le final de 'Waiting for tomorrow'), j'y décèle parfois quelques lointaines miettes de Hendrix, l'exubérance psychédélique en moins. On dira également de ce disque qu'il est lourd mais jamais poussif, la rythmique assurant un rythme soutenu et une fluidité remarquable tout au long des morceaux permettant à la gratte et au chant d'occuper pleinement l'avant-scène. Levey chante bien et si, comme l'écrivais plus haut, sa voix évoque parfois Dio, il se profile davantage dans la retenue, évitant les tics trop héroïques; la cohérence de l'ensemble n'en est que plus exemplaire. Seul petit bémol, à mon sens du moins, l'absence de mélodies vraiment percutantes qui feraient la différence. Aucune n'est réellement faible mais face aux tueries pondues par les Black Sabbath, Saint Vitus, Pentagram, Iron man se voit obligé de fléchir le genou.