Guts Of Darkness

Enregistré lors des mêmes sessions que le Mass Projection, ce Gradually Projection, vous vous en doutez, en constitue la partie charnue. Douce, gracieuse, agréable. Vous me direz, ça n'avait plus aucun sens, de continuer dans l'acharnement bestial du bruit. Gradually Projection est un disque d'ornements. Le saxophone cajole, étreint, rigole, fou rire. Animé comme un orchestre de musique de dessin animé. Un orchestre à lui seul. Il faut préciser aussi que monsieur Masayuki Takayanagi a délaissé son électrique (oui, sa centrale) pour la guitare sèche. Dioneo parlait d'humour, de parodie, concernant le New Direction. Moi je reste sur ma comparaison d'avec le dessin animé. Takayanagi trace des sentiers arpentés par une Dorothée en pleine crise existentielle, Abe gronde tel un Dieu mécontent, caresse tel un Dieu miséricordieux. Gradually Projection, du haut de son unique titre de cinquante minutes, est plus une histoire, un conte du japon fantastique, qu'une épopée guerrière à l'européenne. Les esprits rodent, sous des formes impossibles. Les héroïnes pleurent et se suicident dans un vacarme assourdissant. Le temps est saturé, comme dans un théâtre nô ; perclus d'instants chavirés, de ponctuations idylliques, d'interpellations outrancières. Idéal pour jouer au fort-da d'avec les autres albums. La trilogie se clôt donc dans un murmure. Après l'explosion, le silence.