Si vous cherchez des formations dans le style des Chameleons ou Comsat Angels, je vous propose les Américains de For Against. Ils partagent avec les premiers un sens poignant de la mélodie et une certaine énergie (moins flamboyante cependant), avec les seconds une forme de délicatesse dans l'art de ciseler leur son post punk. Impossible de les cataloguer en tant que goths, pourtant il y a une certaine noirceur, une certaine manière de composer, d'agencer les rythmiques et les guitares qui échappent au post punk pur. Ces 'querelles' d'étiquettes n'ont d'ailleurs pas la moindre importance, seul compte le fait que ces mecs produisent de la bonne musique. Leur nom vient de 'Four against one' datant de l'époque où ils étaient cinq avant que le personnel ne se réduise à un trio. Ayant produit deux singles ayant récolté un certain succès d'estime, le combo passe à la vitesse supérieure en 1987 en enregistrant ce premier essai qui confirmera largement les espoirs placés en eux. Il est étonnant de constater à quel point ces compositions pourraient se fondre incognito dans le paysage post punk/cold wave britannique car il faut bien l'admettre, le genre n'a jamais été un fer de lance de la musique américaine et on s'étonnera d'autant plus de l'origine des musiciens, le Nebraska n'étant pas franchement la terre de pèlerinage de la musique sombre. On peut cependant ressentir dans la profondeur des lignes l'espace que le voyageur pourrait ressentir sous les ciels sans fin de cette région ('Forget who you are'). Le chant de Jeffrey Bunnings n'est pas des plus charismatiques mais sa forme de tristesse douce se coule à merveille dans le climat général. Ce premier album est une mine à pépites tant en termes de mélodies que d'ambiances, le groupe sait tirer le meilleur parti de sa formule de trio en équilibrant la place de chaque élément et en explorant diverses voies quelque part entre le post punk goth, la cold wave et le post punk ('Autocrat' avec ses accents Gang of Four). 'Echelons' ravira aussi bien les amateurs de la première époque de Factory que les fans des Chameleons ou même des Cure. Le plus britannique des groupes américains, quoi.