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Gil Scott-Heron › I'm New Here

cd • 15 titres • 28:44 min

  • 1On coming from a broken home part 1 2:22
  • 2Me and the devil 3:35
  • 3I'm new here 3:35
  • 4Your soul and mine 2:04
  • 5Parents (interlude) 0:20
  • 6I'll take care of you 3:00
  • 7Being blessed (interlude) 0:14
  • 8Where did the night go 1:16
  • 9I was guided (interlude) 0:16
  • 10New York is killing me 4:31
  • 11Certain things (interlude) 0:10
  • 12Running 2:02
  • 13The crutch 2:46
  • 14I've been me (interlude) 0:18
  • 15On coming from a broken home part 2 2:15

extraits vidéo

informations

Clinton Studios, New York, États-Unis, 2007-2008

http://gilscottheron.net/

line up

Gil Scott-Heron (chant), Richard Russell (programmation)

chronique

Parler de Gil Scott-Heron sans parler politique n’a aucun sens. Ce poète des temps modernes qui a montré la voie à tous les mc’s de la planète (mais que peu semblent avoir compris) n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Témoin du scandale du Watergate, il fût plus tard écrasé par l’appareil républicain pour avoir brocardé Reagan au moment où il accédait au pouvoir. Il faudra attendre le mandat Clinton pour qu’il réapparaisse de manière fugace avec le pourtant excellent "Spirits" en 1994. La suite de l’histoire, vous la connaissez ; après l’ère des Bush, vient Obama. Et avec lui nous revient Gil Scott-Heron. Le loup peut enfin ressortir du bois. "I’m New Here" est donc son premier disque en plus de quinze ans et c’est Richard Russell et XL Recordings qui l’accueillent en grandes pompes. Ils imposent à l’album une griffe contemporaine qui propulse une fois pour toutes Scott-Heron dans le vingt-et-unième siècle. Ça, si Del Naja avait eu assez de flair pour l’inviter sur le dernier Massive Attack et congédier Horace Andy une bonne fois pour toutes, sûr qu’"Heligoland" aurait eu une autre gueule. À l’instar de Miles Davis, peu importe le contexte, que les backings soient teintés de pop, de jazz ou, comme ici, d'un habillage electro minimaliste ("New York is Killing Me"), Gil Scott-Heron reste égal à lui-même. Inimitable. Ce troubadour indomptable des causes perdues arrive encore à s’épanouir dans des arrangements qui font preuve d’une dureté et d’une sécheresse franchement inhabituelle mais qui sont en parfaite résonance avec ses cinglantes périphrases dont l’écho et la puissance renvoient à la dureté du monde dans lequel nous vivons. Seul gros bémol ; avec ses interludes rachitiques et autres intro, l'album ne compte en vérité que six ou sept titres, pour à peine vingt-huit minutes ! Un peu chiche comme procédé, vous n'en disconviendrez pas ... Toutefois, cela faisait tellement longtemps qu'on n'avait plus eu de nouvelles de lui, ou alors, quand c'était le cas, celles-ci étaient vraiment alarmantes (disparition, emprisonnement, séropositivité, cure de désintox, plus de toit), qu'on est prêt à tout lui pardonner. "Si je n’avais pas été aussi excentrique, odieux, arrogant, agressif, irrespectueux et égoïste, je ne serais pas qui je suis" dit-il dans une de ses interludes. Surtout ne change rien Gil, on t’aime comme ça.

note       Publiée le samedi 6 mars 2010

chronique

Revenir après un black-out, qu'il soit long ou court, peut toujours s'avérer une entreprise délicate. Le retour de Gil Scott-Heron, après une période de troubles, de problèmes avec la justice et plus probablement d'intense lutte avec ses démons, aurait pu aisément être casse-gueule. Surtout pour cette gueule cassée justement, à la voix grumeleuse et rauque, toujours soul mais ayant définitivement perdu sa souplesse et son aisance sensuelle d'antan. Un retour sous le signe de l'humilité donc, comme l'indique ce titre, tiré de cette reprise inattendue de Smog, I'm new here. Aussi folk et
solitaire que l'originale, mais naturellement,imbue de cette chaleur soul dans les refrains, porteuse d'espoir, qui semble à nouveau être cette voix intérieure pleine de sagesse que l'on connaissait depuis le début des 70's, et qui a déjà probablement sauvé de nombreuses vies. Mais qui dit humilité ne dit pas forcément rédemption, et encore moins pénitence, cette marotte facile américaine, particulièrement friande d'esprits rebelles. "I did not become someone different, that I did not want to be" prévient Gil d'emblée. Il a choisi de raconter sa déchéance, sa douleur, sans complaisance aucune, et sur un canevas sonore radicalement urbain et abrupt. Richard Russell, qui avait vu un récent reportage de la BBC sur les récents déboires de Gil, avait décidé d'enfiler le costume du producteur (qu'on ne lui connaît pas forcément), et de s'entourer d'une petite équipe - dont Damon Albarn et Chris Cunningham, à l'univers à priori bien éloigné - pour enregistrer un album avec lui. Difficile de ne pas penser au
"repêchage" de la carrière de Johnny Cash par Rick Rubin, même si ici, l'originalité principale vient du canevas sonore en question : une électronique âpre, étouffante, presque indus sur Me & The Devil, accompagnant les chansons et les spoken-words de Gil, certains datant de son tout premier disque Small Talk at Lenox, dont The Vulture, repris dans l'émouvant Your soul and mine, qui prend ici un tout autre sens. Gil Scott-Heron n'est pas ici pour dire "la rue et la drogue, c'est pas bien", il sait que toutes façons les "enfants de la chance" n'écouteront pas son disque, et que même avec le titre écrit en mauve, même sur un sample de Flashing Lights de Kanye West (intro et outro), il ne sera jamais considéré comme une voix importante à la manière d'un Dylan ou d'un Cohen. Tant pis pour eux. Et tant mieux pour ceux qui verront dans cet album un compagnon, voire une bouée, totalement ancrée dans l'atmosphère de ce début de décennie. Gil Scott-Heron montre ici qu'il n'y a aucune honte, ni aucune gloire à tirer de ses troubles intérieurs, et qu'il n'y a aucune raison de faire comme si tout allait bien. Pas d'échappatoire, ça non, mais le courage de se débattre jusqu'au bout. Ce que Gil a traversé ne regarde que lui, mais si il semble presque en rire sur New York is Killing Me, convoquant claps, choeurs gospel et surtout groove soul incroyable, comme pour improviser une fête de quartier sur les décombres, il en va tout autrement sur Me & The Devil, qui est bien, oui le titre n'est pas un simple hommage, une reprise de Robert Johnson. Arriver à reprendre ça en 2010, sur un genre de trip-hop/dubstep post-apocalyptique, sans passer pour un con n'est pas donné à tout le monde. Le delta du mississipi a disparu, le décor est devenu une ruelle new-yorkaise, et Satan est toujours le meilleur ami du noir. Si les deux titres semblent les pôles opposés de l'album (lumière et ombre), la mort y est omniprésente, et Gil nous y parle à deux reprises "d'enterrer son corps". La troisième reprise du disque n'est autre qu'un vieux slow de Brook Benton, I'll take care of you, peut-être la plus belle chanson du lot, après maintes écoutes. L'auteur semble y lutter terriblement pour retrouver la dignité des sentiment simples, et quand au terme du morceau sa voix de crooner politique semble soudain revenir, il est difficile de ne pas ressentir des frissons. Si l'album n'hérite pas d'un 6, ce n'est pas à cause de sa très courte durée, pas forcément ridicule comparée aux vieux albums de soul (et puis, il y a ici plus de matière que dans bien des albums remplis à ras bord de toute manière),
et encore moins à cause de l'omniprésence des spoken-words, qui pourront même se révéler l'intérêt principal du disque selon votre sensibilité poétique, tant l'homme reste fidèle à lui-même (c'est à dire clair voyant et sincère envers et contre tout). Non, on invoquera tout simplement une baisse de régime après ce monumental New York is Killing Me, qui n'empêchera pas de réécouter en boucle ces 10 premiers morceaux, et de s'y raccrocher comme à un radeau en temps
de troubles. "Because I always feel like running. Not away, because there is no such place". Il est clair que Gil Scott-Heron ne sera pas toujours là pour nous. Moi non plus.

note       Publiée le samedi 6 mars 2010

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    SEN Envoyez un message privé àSEN  SEN est en ligne !

    Putain oui, quel titre "Me and the devil", je la passe en bouche depuis ce matin !

    Shelleyan Envoyez un message privé àShelleyan
    avatar

    Bon sang ! 'Me and the devil', comme c'est bon ! Et quel clip !

    Tallis Envoyez un message privé àTallis

    Magistral

    Note donnée au disque :       
    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    eh merde, ça commençait comme une bonne journée...

    Thomas Envoyez un message privé àThomas

    Gil Scott-heron est mort Vendredi à l'âge de 62 ans. Un grand qui s'en va...