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Mad Season › Above

cd • 10 titres • 00:00 min

  • 1Wake Up 7:38
  • 2X-Ray Mind 5:12
  • 3River Of Deceit 5:04
  • 4I'm Above 5:44
  • 5Artificial Red 6:16
  • 6Lifeless Dead 4:29
  • 7I Don't Know Anything 5:01
  • 8Long Gone Day 4:52
  • 9November Hotel 7:08
  • 10All Alone 4:12

informations

Produit par Brett Eliason et Mad Season - Enregistré et mixé par Brett Eliason au studio Bad Animals, Seattle, WA - Masterisé par Howie Weinberg à Masterdisk, NYC

Illustration par Layne Staley

line up

Barrett Martin (batterie, percussions, contrebasse, violoncelle, marimba, vibraphone), Mike McCready (guitares électriques et acoustiques), Layne Staley (chant, guitare, paroles), John Baker Saunders (basse)

Musiciens additionnels : Mark Lanegan (chant sur la 4 et la 8), Nalgas Sin Carne (saxophone sur la 8)

chronique

“Wake up young man, you got to wake up...”. Mon dieu, cette intro... Tant de choses sont déjà dites dans cette chanson, aux arrangements épurés, plus proche d’une soul blanche, désespérée et fanée, que d’un quelconque résidu de rock. C’est la lumière la plus cruelle du monde, celle du petit jour, que Mad Season jette sur la scène initiale. Héroïne, isolement et échec sont le thème, et l’heure est à la dissection à vif. L’esprit de l’époque est ici capturé avec tant de sincérité que ce disque – qui est tout ce que le groupe a jamais fait – se vendra par millions aux Usa, sans doute aidé par le line-up qui contient du bon et du moins bon : Barrett Martin et Mark Lanegan des Screaming Trees (invité discret sur deux titres seulement), Mike McCready de Pearl Jam, John Baker Saunders des Walkabouts, et surtout Layne Staley, qu’on ne présente plus. Mad Season est donc un supergroupe, comme si les ténors du grunge, choqués par le suicide de Cobain (qui signe l’arrêt de mort de toute une époque) s’étaient réunis, orphelins grelottant dans la tempête médiatique, et surtout une belle brochette de toxicos qui ne pouvaient pas raisonnablement faire long feu. Ils sombreront tous dans quelque isolement ou désintox après ce disque, surtout Staley, dont il s’agit véritablement ici du chant du cygne. D’ailleurs, Above est l’aboutissement et la continuité de ses travaux les plus intimistes avec Alice In Chains (Sap, Jar of Flies, certains moments de l’éponyme). Certes, les grandes saignées grunge sont bien au rendez-vous (I don’t know anything, X-Ray Mind, et surtout ce Lifeless Dead terminal, au désespoir consommé), mais ce qui donne à ce Above sa couronne d’œuvre maîtresse du genre, ce sont bien les ballades ; lentes, funèbres et attendries. River of Deceit reprend là ou Wake Up nous avait laissé, c'est-à-dire dans le même lieu reclus mais pastoral évoqué par l’écoute de Jar of Flies. "My pain is self-chosen / At least I believe it to be"… Difficile de ne pas y voir une culpabilité tenace face à l’enlisement de toute la scène de Seattle dans la drogue, et des amis qui tombent les uns après les autres. Artificial Red est un lent blues tendu comme un fil électrique, aéré comme un vieux Led Zep, mais la respiration torride de Plant a laissé place au vide existentiel de Staley, à ses hululements de star déchue en proie à un doute et à un désarroi terrible. Staley n’est jamais plus angélique que lorsqu’il crie sa peine et sa douleur, parfaitement contrebalancé par un Mark Lanegan déjà usé comme une vieille barque de pêcheur. Ses couplets semblent murmurés depuis le 36ème dessous sur Long Gone Day, ovni jazzy dont les marimbas renforcent la ressemblance avec Tom Waits, emblème idéal pour cette génération X à l’agonie. Et conclusion logique d’un album très boisé et aéré, où la basse apporte un groove certain, peut-être moins présent sur la jam November Hotel, ce qui est dommage. Un hôtel qui semble la dernière demeure de Staley, et le final All Alone, s’il provoque un "c’est tout ?" contrit lorsque qu’il se termine – et l’album avec – pour la première fois, se révèle bien vite proprement déchirant, donnant ainsi l’ultime signification au titre : c’est déjà de "là-haut" que résonnent ces derniers mots, amers mais dénués du mensonge, ce démon que semble vouloir châtier tout l’album. Limpide, romantique, contemplatif de sa propre déchéance ; Above est tout cela, est bien plus. C’est l’une de ces œuvres qui marquent au fer rouge, dans la douleur et pour toujours.

note       Publiée le mardi 11 septembre 2012

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GrahamBondSwing Envoyez un message privé àGrahamBondSwing

Gros Gros Feeling !

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Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

Commentaire inutile : à l'instant, dans une salle d'attente d'un praticien quelconque, je viens de me faire un enchaînement radio improbable : river of deceit suivi d'un duo Jeff Parker / Maccaya McCraven. Putain, c'est con, mais quand des morceaux cools passent à la radio, ça fait un bien fou. Sinon, album au dessus de la mêlée grunge. Un feeling exceptionnel. Ma théorie, puisque j'ai toujours des théories fumeuses en musique, c'est que le personnage clé de ce super groupe, c'est Martin Barrett, le batteur. En effet, il est crédité des "vibes" sur l'album. Son jeu 70's/90's (genre "j'écoute que Led Zep" ) est parfait. Du coup, le frère jumeau lumineux de cet album, c'est assurément Dust des Trees.

Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

oui Layne est plus émouvant dans Mad Season... il prend toute la place, et ça s'entend aussi sur le Live at the Moore que j'ai découvert cet été; pas convaincu par la totalité (contrairement à ce Above), la reprise de Lennon brisant un peu la dynamique.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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"Lifeless Dead" et "I don't know anything" sont vraiment deux des morceaux les plus vénéneux du père Layne... "Long gone day" est un morceau laid back les plus charmeurs jamais chantés par Layne... Bah c'est vrai, y a pas que Layne sur ce disque, mais il vampirise quand même beaucoup, on y peut rien...

Et je dois bien admettre qu'avec les années, alors qu'ils étaient tous les deux comme liés et jamais un plus que l'autre dans mon cœur, je le préfère au sans titre d'AIC ce Mad Season, même s'ils jouent deux partitions différentes en mode "Layne's Terminal" (notons à ce sujet que "Wake Up" se télescope parfaitement avec "Over Now"...) quelque chose de plus profond et de plus troublant encore s'y passe, quelque chose de cosy, comme un vieux disque de blues rock à papa rassurant, au contraire de l'autre qui avance ouvertement déglingué, mais pas moins déchirant ou attachant... Enfin sans dénigrer du tout mon cabot à trois pattes chéri, je goûte à présent plus au Layne blues et qui chante avec Mark Lanegan qu'au Layne qui fait des vocalises déformées à la Al Jourgensen, ressors plus souvent le lounge Layne... Et bordel, s'il y a du bon Led Zeppelin de contrebande, c'est peu-être ici qu'il a été le mieux fichu ("I'm above") ! Enfin tout ça pour dire : six sur Six pas usurpé. Du tout.

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Procrastin Envoyez un message privé àProcrastin

Ya de la tuerie dans les bonus de la réédition de 2013 (la fin de Slip Away par exemple...)

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