Quand je bossais avec des enfants autistes, il arrivait souvent qu’on se prenne en pleine gueule non pas des claques (ça arrivait, je vous rassure) mais des dessins animés. Au lever, à 8h. La totale, Petit Ours Brun, les Razmokets, Huggy et les cafards, j’en passe et des meilleurs. Sauf qu’en général on dépassait pas le générique : tout excité par les imparables mélodies abrutissantes et bien souvent trop pithiatiques pour l’être humain de base, le gamin faisait bien souvent un généreux repeat une bonne centaine de fois d’affilé (et je n’exagère pas sur le chiffre) sur le début de ce qui se transformait alors en jingle. On se retrouvait donc littéralement englouti par ces riffs vocaux de "petit-petit-petit-petit-ours-brun – il aime bien sa maman et son papa aussi…", pire que du Henri Dès en mode disque rayé, qu’on bouffait tout autant d’ailleurs… Bref, à l’écoute de Plus-tech squeeze box, j’ai l’impression de retourner au boulot. C’est japonais, et ça ressemble à du Ground Zero (celui de RPO v1.28) qui aurait mangé Polysics avec du lait entier, mais pour enfants : une chiée (littéralement, ça chie, liquide, après des petits pots Blédina) de samples stupides et infantiles provenant de dessins animés (sataniques, certainement) augmenté d’une sorte de rock j-pop trisomique en cosplay d’écolière. Ca pourrait être drôle, dis comme ça. Sauf que ça ne l’est pas. Imaginez vous face à une armée de gamins hyperactifs mais sans votre Ritaline. Imaginez des dizaines d’écrans diffusant le pire de Gulli, de jeux vidéo pour 5 / 6 ans et de publicités visant ce même public. La rencontre entre le pire de l’hystérie cartoonesque, l’addition de Tex Avery, Chuck Jones, Hanna Barbera, Bob l’Eponge, Huggy, joué par un groupe d’adolescente en manque. Maintenant, pensez à ces immondes petits gamins se ruant sur vous et vous pénétrant par tous les orifices comme autant de trolls fluos, passant par vos oreilles, votre nez, votre anus, votre urètre. On est littéralement submergé, et c’est tellement à fond tout le temps que ça en devient non seulement épuisant, mais carrément malsain. Après ça, jamais plus vous ne verrez un enfant de la même manière.