Morgenstern › Cold

Morgenstern, troisième rescapé d'Ars Moriendi (première formation du label culte Fich-Art regroupant aussi les gusses aujourd'hui derrière Asche et Synapscape) fait partie de ces groupes d'indus de croisière finalement récupérés par Ant-Zen et assumant une forme moins extrémiste et plus construite du genre post-industriel. Autre particularité, celui d'être un projet féminin ; et à l'instar de Koeff (Johanna Rosenqvist d'Institut), cela se ressent dans l'âme du projet qui se trouve être moins anguleux que ses confrères de Converter ou Monokrom, pour ne citer qu'eux. Je n'ai pu encore entendre le premier album sous ce nom (ce que l'on me reprochera certainement) mais j'ai ouï dire que "Cold" est beaucoup plus direct et rythmé. Il l'est pour sûr ; réhaussé ici et là de voix familières que l'on croit être de Philipp Münch (sur 'Hypnotized') dont la parenté paraît évidente. D'excellent titres, tels 'Blow Away my Reason' font le pont entre l'ambient profonde de ses travaux K7 et la noise rythmique typique du label tandis que d'autres se plombent d'une saturation ennuyeuse (typique du label aussi, il faut bien le dire) tels 'Horny Being' ou 'Insight' qui sont si anonymes qu'ils auraient pu figurer sur n'importe quel autre disque. Si l'on aime les roucoulements de basses saturées, les compositions en strates lentement superposées et les rythmes de machines grinçantes, on peut très bien se satisfaire de ce disque de toute évidence "cold", technoïde et passablement bourrin ; mais il reste le cul entre deux chaises entre quelque chose de peut-être trop bruitiste et vague pour les néophytes, et trop "Maschinenfest", inoffensif et moyennement inspiré pour les connoisseurs.