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Arthur Russell › World of echo

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Dioneo      vendredi 22 décembre 2023 - 16:10
Scissor Man      vendredi 2 mars 2018 - 11:13
A.Z.O.T      lundi 19 janvier 2015 - 18:18

cd • 18 titres • 69 :38 min

  • 1Tone Bone Kone
  • 2Soon-To-Be-Innocent Fun / Let's See
  • 3Answers Me
  • 4Being It
  • 5Place I Know / Kid Like You
  • 6She's The Star / I Take This Time
  • 7Tree House
  • 8See-Through
  • 9Hiding Your Present From You
  • 10Wax The Van
  • 11All-Boy All-Girl
  • 12Lucky Cloud
  • 13Tower Of Meaning / Rabbit's Ear / Home Away From Home
  • 14Let's Go Swimming
  • 15The Name Of The Next Song
  • 16Happy Ending
  • 17Canvas Home
  • 18Our Last Night Together

informations

Producteurs exécutifs : Steve knudson , Tom Lee - Remasterisé par Ray Janos - Produit par Ernie Brooks , Peter Zummo , Phill Niblock , Steve Cellum - Produit et écrit par Arthur Russell

line up

Arthur Russell (violoncelle, chant, percussions, tambourin, écho)

Musiciens additionnels : Ernie Brooks (production), Phil Niblock (production), Peter Zummo (production)

chronique

Des artistes fêlés, à New York, il y en a, il y en a eu, et il y en aura encore. Ce refuge pour les ‘misfits’ de l’Amérique aura vu bien des scènes passionnantes se cristalliser, autour de la Factory d’Andy Warhol, du CBGB’s, de John Cage… Et puis autour de clubs disco comme le Studio 54 et le Paradise Garage, il faut bien le dire. C’est plutôt dans ce dernier qu’allait traîner Arthur Russell, oiseau de nuit aux ailes de nacre, ancien producteur de disco gutsien (ça existe, mes loulous), depuis isolé sur sa propre planète, ou plutôt au fond de sa propre abysse, comme Moondog, seul individu auquel il pourrait faire penser. Ce disque lâché en 86 est un ovni, captivant dès la toute première écoute. Il y a du shoegazing la-dedans, de l’électronica lunaire, de la soul fondue, de la deep house au compte-goutte… Premier élément cernable de ces litanies pour néons fanés : la voix, magnifique, irradiant de plaisir mêlé de plainte et de mélancolie (Being It), toujours chaude et incroyablement réconfortante, presque… paternelle, par moment, au sens le plus noble et le plus positif du terme. L’écoute au casque apporte une dimension supplémentaire au disque – au sens premier. C’est comme si on passait d’une surface plane à un univers tout en profondeur, échos ("monde d’écho", c’est bien ça), glissements, chausse-trappes et miroirs… Les effets dub apparaissent et disparaissent sans un mouvement, dans une bienveillante inertie pré-natale, tout comme les jeux de cache-cache avec la stéréo (Soon to be innocent fun). Il n’y a qu’un seul instrument qui accompagne la voix ici, un peu comme chez Jandek : c’est ce violoncelle, poussé dans les retranchements de son armature féminine et boisée, propulsé dans l’outre-espace par des doigts plus rêveurs que ceux de Merlin, ceux d’Arthur Russell, enchanteur bohême, dont la voix nue berce ici pour un voyage qui semble être sans retour… On se perd instantanément en écoutant pareille musique. Mélodies neptuniennes, rythmes discrets, jeux de basses et d’aigus comme d’ombre et de lumière, timbres célestes, parfois liquides, parfois rugueux… Tout est généré par ce même violoncelle, dont la dualité harmonique avec la voix reste un grand mystère de musique extra-terrestre. Ce qui ajoute au côté expérimental de la chose : comment ces chansons sont-elles construites ? Quelles lois invisibles sous-tendent cette voix a priori en décalage absolu avec ces sons qui l’enveloppent pourtant ? Une chose semble acquise : cette musique est primordiale, primitive, issue directement du cœur. Il n’y a rien à y enlever ou ajouter, elle ne semble être que l’impulsion pure de son créateur, évoluant au gré de ses lubies et de son inconscient, selon une non-logique indéchiffrable… La musique évolue organiquement, comme dans un rêve, à l’abri de toutes les règles et limites du monde. On change de chanson dans une même chanson, parfois plusieurs fois, comme si cela coulait de source... Russell s’amuse même de cette création spontanée, tel un enfant laissant fièrement vagabonder son imagination féconde, comme sur le très drôle The Name of the Next Song Is, où il change d’avis toutes les 10 secondes, puis annone "California, here I come", comme s’il s’agissait d’une constellation à 400 millions d’années lumières de là. Difficile de trouver plus hors du temps et de l’espace. Toute figure de style mise à part, on considèrera cette œuvre comme un album curatif, qui bercera encore longtemps tous ceux qui auront la curiosité d’écouter ce que pouvait bien chanter Arthur, l’homme à la voix lactée.

note       Publiée le dimanche 25 octobre 2009

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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J'écoutais ça, précèdé de la compile country du même mec (Love Is Overtaking Me), en faisant mes paquets de Noël et... Je me disais que parmi toutes les bizarreries, créatures/créations expé parfois extrêmes (extrêmement-toutes-sortes-de-choses, disons) que je peux régulièrement m'envoyer eh bien... Cette musique reste sans doute l'une des plus étranges que je connaisse, sans une once d'attitude "tu l'entends ma grosse weird-cred" (et sans doute en partie pour ça oui... Pas uniquement pour ça, tout aussi certainement).

Étrange, bizarre, OVNI (je suis tout à fait raccord avec la chro de Dada, sur ce coup) mais en même temps, super accueillant ce disque, une sorte de feelgood music véritablement alternative, une bienveillance (là aussi, complètement d'accord avec le collègue) pas du tout alignée sur des codes de bienséance "normaux". Aussi, je trouve toujours que ça tient d'une sorte d'art brut, alors même que je sais parfaitement que Russell était un musicien "éduqué" voire "savant"... En fait, ce mec et ses divers travaux, c'est un parfait plaidoyer, exemple, une preuve par la pratique de ce que ces étiquettes, frontières, délimitations, peuvent avoir d'artificiel, de bêtement limitant - "d'extérieur", aussi, à ce que peut être justement une réalité concrète de la pratique, de la musique, quand elle n'est pas faite avec l'idée du "on va faire tel genre, avec une nuance de tel sous-style et des apports discrets du groupement xyz période 3 mars '84/première quinzaine de juillet' 85".

Bref, voilà, tout ça pour dire qu'il me surprend toujours des années après l'avoir entendu pour la première fois, ce disque. Ben tant-mieux (et bonnes fêtes à celles et ceux, allez, ça m'a mis d'humeur).

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Scissor Man Envoyez un message privé àScissor Man

Véritable OSNI, objet sonique non identifié, ce petit bijou est réédité en 2016 mais d'après les commentaires, il vaut mieux privilégier la version Rough Trade, un double LP pas donné mais bien noté paru en 2011. Lien vers la page Bandcamp pour l'écouter, c'est le minimum ! Mon com' est juste un prétexte pout lui donner une visibilité supplémentaire. https://arthurrussell.bandcamp.com/album/world-of-echo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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A priori il faisait la plupart du temps tout lui-même "à la maison" (dans son "home" studio quoi). Je me souviens d'un article sur lui où son compagnon disait qu'au moment de sa mort, il avait trouvé des heures d'enregistrements entamés, et que Russell avait souvent du mal à considérer qu'un moreau était "fini" - ça peut expliquer en partie que tout soir rester la plupart du temps assez brut côté prod', pris dans l'autre sens...

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A.Z.O.T Envoyez un message privé àA.Z.O.T

Un album dans lequel j'aime rentrer comme dans un bain chaud (avec la touche d'huile essentielle à l'eucalyptus) pour marmonner avec Arthur et ses effets de pan erratiques (la production est vraiment très particulière sur cet album, il était aussi à la table de mix ce monsieur ?)

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Effectivement, dans le genre extra-terrestre, c'est assez ultime. 5-6 écoutes, et ce monde dans lequel m'emmène Arthur Russell reste toujours aussi impénétrable. Je me retrouve donc dans ces paroles : "Kid like you could never understand", "hearing but not understanding". A réessayer dans quelque temps, car malgré tout, il y a quand même quelque chose qui accroche...