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Patty Waters › Sings

cd • 8 titres • 27:54 min

  • 1Moon; Don’t Come Up Tonight2:59
  • 2Why Can’t I Come To You2:52
  • 3You Thrill Me1:20
  • 4Sad Am I; Glad Am I1:24
  • 5Why Is Love Such A Funny Thing1:11
  • 6I Can’t Forget You1:48
  • 7You Loved Me2:28
  • 8Black Is The Color Of My True Love’s Hair13:51

informations

Enregistré le 19 décembre 1965 au RLA Sound Studio, N.Y.C par Richard L.ANDERSON

line up

Burton Greene (piano et piano-harpe sur 8), Patty Waters (chant, piano), Steve Tintweiss (basse sur 8), Tom Price (percussion sur 8)

chronique

Les Vierges Folles des campagnes, sises en leurs pavillons. Fanatiques. L’œil liquide et fascinant, qui veut scruter vos gouffres et fixe à travers vous. Lèvres entrouvertes, toujours, sur un souffle. Le confinement des Angleterres, Victorienne ou Nouvelle. Emily Dickinson ou Emily Brontë… Que ne soupçonnerait-on, sous ce cliché proprement gothique, chairs blanches de première communicante et chevelure corneille qui boit le noir ambiant ?

Et pourtant… Non. Nous sommes à New York, en des clubs famés. Cette femme est de leur faune, aguerie, son art est consommé, adulte, d’un raffinement presque maladif. Son époque est de celles où l’on ne s’embarrasse guère d’encombrantes innocences. Le doute, certes, peut subsister. Si résignées, si désespérées sont ses plaintes, ses complaintes, ses mots d’adieux et de regrets, si doux pourtant... Si frémissants de craintes, ses aveux de ravissement, qu’on peut les croire sans objet concret, épris d’un mythe sans chair à pétrir. Ressassement, appels d’air. Mais peu importe, finalement. Le trouble demeure, la manière est poignante. Sept index durant s’écoulent les déplorations. Amères, peut-être, chérissant leurs meurtrissures. Comme un franchissement, un dépassement du Cool. Ici la perte, la mélancolie, ne se parent pas d’arrangements aux drapés impeccables. Le jeu des séductions ne vaut que par ce qu’il induit, de chutes potentielles, de défaites - espérées presque parce qu’enfin, elles sont vitesse. Si l’on n’élève pas la voix, c’est d'en savoir la faiblesse quand hurlent les boulevards… Jamais pourtant l’ennui ne point. C'est que cette lente chanteuse est une musicienne inouïe. En sourdine, en feu couvant, ses brèves ébauches, ses mélodies (au sens romantique, presque, XIXème siècle...) n’ont au fond rien de lisse. Leur inachevé, assumé puisque tout est dit (en à peine plus d’une minute parfois) a l’attrait de ce qui vous fuit sans vous avoir montré sa fin. Art de Sélénite, pierres dépolies aux reflets mats. Et puis…

Et puis, à l’époque, on retournait le disque. On attendait. L’autre face, oui. C’est peu dire ! Car alors jaillit l’enfer. D’autres l’ont rejoint, grattant, cognant, frottant, jetant au vent des bribes, des fragments de quartet. Black is the Colour. Le couvercle a sauté, la façade. Tout s’enfle en murmures grondants, terribles, menaçants ; balbutiements ; courroux et frustration, qui se fendent au noyau. La pâle fille explose en cris de goule. Quelques instants plus tôt, on entendait encore, en tendant l’oreille, le frottement de l’air à ses cordes vocales. Maintenant ce sont des stridences inhumaines, déchirantes, qui pressent à vos tempes et fouillent le tréfonds. Des râles profonds, douloureux, puisés au plus lointain du ventre. C’est effrayant et merveilleux ; impudique - obscène presque - bouleversant. Comme une chair insatiable qui se jette en offrande, débondée, surabondante. En cette fureur, c'est vous qui êtes pris, retourné. Prenez garde : c'est vous qu'à l'aube, tempête passée, on trouvera mis à nu, exposé, éprouvé.

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le jeudi 17 septembre 2009

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Note moyenne        11 votes

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Gros Bidon Envoyez un message privé àGros Bidon

Surprenant, brumeux, mélancolique, névrosé ? Avec "Black is the colour of my true love's hair" on touche au paroxysme d'un Jazz angoissant voir effrayant. Une belle (sombre ?) découverte. Merci Dioneo.

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Tallis Envoyez un message privé àTallis

Eh oui, pourquoi pas, ma foi !

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jacques d. Envoyez un message privé àjacques d.

C'est tentant, sous réserve qu'il y en ait d'autres qui soient partants, histoire d'intéresser la partie ?!

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
avatar

Ceci-dit si on part à se prendre vraiment à ce jeu... On en fait un topic sur le forum (histoire de ne pas squatter les com) ?

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jacques d. Envoyez un message privé àjacques d.

3/ John Jacob Niles : I wonder as I wander ; 4/ Third Ear Band : Fleance ; 5/......