Mokira › Persona

Andreas Tilliander publie sous son nom. Ou sous ceux de Lowford, Rechord et, bien sûr, Mokira. Andreas Tilliander est suédois et ça ne m’étonne pas. Quand débute "Persona" avec "About Last Step and Scale", et sa lame de fond en infra basses, on reconnaît d'emblée la patte glaciale de nos amis scandinaves, quand ils s'expriment à travers leurs projets aux résonances plus jazz, comme Niels Petter-Molvaer, ou encore dans leurs essais plus expérimentaux, comme Biosphere ou Supersilent. Mais gardons notre sang froid : rien de si spectaculaire, ni d'aussi extrême dans le fil des évènements que ceux prodigués par les groupes susmentionnés. Mais comment résister de prime abord à cette incroyable pochette à la fois sensuelle (ces lèvres) et morbide (ce cadrage) ? Il y a là aussi peut-être quelque chose qui fait inconsciemment référence aux mythes, et plus précisément à celui des sirènes dont l'appel irrésistible est synonyme de trépas. "About Last Step and Scale" ouvre l'album sur cette note malsaine qui tient autant de la fascination que du dégoût. Si Tilliander revient par la suite sur ce discours plus abstrait, plus dark ambient dans la forme, "Persona" distille en sous-main quelques références dub, ici par son tempo, là par ses sons de flûte synthétiques et, de manière générale, par sa forte propension à avoir recours aux effets d'échos et de delay. Si la première partie du disque évolue sciemment dans un terrain brumeux, la seconde sort la tête du brouillard par l'entremise de "Oscillations and Tremolo", avant de mieux y replonger et de s'y perdre définitivement via les errances solitaires et vaguement mélancoliques de "Invitation to Love".