J'me lance, c'est pas facile... Comme souvent avec Zorn, cet album, ça fait des mois et des mois que je veux le chroniquer, mais j'ai du mal à trouver les mots, tant ces 3 morceaux, inspirés par Antonin Artaud et Joseph Cornell, sont forts et intenses. Déjà, rarement un album aura eu un visuel et un nom si fort et proche de son contenu. Rien qu'en voyant ce visage tiré du film de Buñuel, "L'age d'or", on ressent cet amour extrême, forcément mêlé de folie et de mysticisme.Tout au long de ces 50 minutes, on vit au rythme de ce piano volant, tantôt calme et doux, tantôt répétitif, brutal, intense, ces envolés entrecoupées de vide, ces chocs, ces coups de violon (style prends-toi ça dans la gueule), ces grincements à la "Psychose", ce délire permanent mais tout en retenue. On ressent cette soumission, ce cloisonnement et on ne peut rien y faire, à l'image de cette femme totalement à la merci de son bourreau, implorant sa grâce. A mi-chemin entre musique de film muet et musique de chambre, John Zorn nous envoute littéralement avec ces 3 pièces imposantes et obsessives. Certainement ce qu'il a réalisé de mieux dans sa série de compositions classiques, avec, cerise sur le gâteau, une interprétation époustouflante (mais connaissant le bonhomme et les protagonistes, on ne pouvait pas s'attendre à autre chose...). Inquiétant, intense, homogène et horrifique, ce disque vous hantera des mois durant et vous laissera vidé exténué ! Une réussite totale à découvrir !