Lord Of Decadence › Cognitive note of discord

Lords of Decadence cite volontiers Children of Bodom en tête de liste de ses influences, et on comprend pourquoi. Rythmiquement plus nuancée que le combo finlandais, essentiellement heavy metal, entièrement recouverte d'un synthé assez technique mais malheureusement figé sur un seul son, la musique des autrichiens se distingue du projet de Laiho par une course moins effrenée à la vitesse, qui lui permet d'instaurer des structures et des articulations plus fines et souples, tout en ménageant des passages instrumentaux légèrement plus subtils et prenants. AVec des vocaux oscillant entre un black à la Lord Sabathan (enthroned) et des accès rauques plus thrash bûcheron, à quoi il faut ajouter quelques passages narrés, L.O.D. arrive à donner à son metal très mélodique une puissance de feu non négligeable mais qui ne trouve son épanouissement qu'à l'occasion d'apothéoses harmoniques épiques et, disons-le, assez convenues. Si un titre comme "Apocalypse" sort légèrement du lot par la qualité de son riff d'intro et la recherche plus poussée dont sa construction a fait l'objet : passages claires, pont atmosphérique sombre et réussi, "Cognitive note of discord" est d'abord et avant tout un disque de genre, très bien fait, parfaitement exécuté et composé avec professionnalisme, mais qui n'apporte absolument rien de neuf à l'oreille. Plus épique que sombre, plus mélodique qu'agressive, la musique du combo ne manque ni de virtuosité ni d'inspiration, et il est clair qu'elle a fait l'objet de la plus grande attention, tant au niveau de l'écriture que des arrangements, offrant une osmose clavier/guitare absolument parfaite, mais sans ambition. Leads harmonisés à deux guitares, accents thrash péchus en scansion, envollées harmoniques et clavier qui déroule : le premier album de L.O.D. est aussi abouti et maîtrisé que fondamentalement inutile, pour tous ceux, en tout cas, qui cherche du nouveau. Il ravira les fans du genre, cela ne fait aucun doute, tant l'ensemble se tient : trois quart d'heure heavy/speed à la sauce conquérante sans le moindre temps mort... mais on est très très loin du disque d'exception.