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Produit par Preben Iwan ; producteur exécutif : Alain Lanceron ; Enregistré au Danish Radio Concert Hall , du 6 au 13 février 2002.
Christian Tetzlaff (violon) ; Danish National Symphony Orchestra ; Thomas Dausgaard (direction)
Cet enregistrement de Christian Tetzlaff est une merveille. Les intégrales sont rares et le violoniste y atteint des sommets d’expressivité sensuelle et austère à la fois prodigieuse. La direction et le son acérés de l’orchestre sont subtilement combinés à une douceur coloriste nécessaire à la plénitude de la musique du finlandais.
Il est très difficile d’en parler. D’abord parce qu’il s’agit de Jean Sibelius, ensuite parce qu’il s’agit de violon, par Jean Sibelius. Le concerto mythique, et pièce maîtresse du recueil, qui ouvre cette intégrale, est d’une profondeur mélancolique, d’une expressivité plaintive hors du commun. La voix solitaire de l’instrument qui débute dans le silence, comme des premières larmes dans la solitude de la nuit… les notes sont affectées, extrêmement douloureuses, le son est glaçant comme l’apparition d’un mort, et l’orchestre discret qui gronde peu à peu par registre d’instruments ne fait qu’encore noircir l’atmosphère si souffrante de ces premières minutes. Durant ce concerto d’anthologie Sibelius le finlandais va faire passer tout son génie, sa sensibilité mélodique extraordinaire, romantique et neigeuse, sa science d’un instrument dont il était virtuose, sa finesse orchestrale et le don pictural qui firent du personnage un des plus grands symphonistes de tous les temps. La première levée d’orchestre est terrible et sublime : un thème noir, puissant, solide comme le destin et qui vient tout à coup frapper d’un glaive d’orage les lentes lamentations du violon solitaire. La suite est tempêtes, nocturnes, pleurs, lueurs d’espoirs et fatalisme, instants précieux où le violon révèle toutes les formes de sa voix… du sanglot qui chevrotte dans les graves inquiétants aux aigus lumineux, des effets de textures à la mélodie nue. Entre le soliste et l’orchestre il n’y a jamais de confrontation, de face à face, les deux entités se déploient, s’expriment et se lamentent dans un même univers sans même se regarder, dans une danse fusionnelle toute en lueurs mouvantes. Romantique, dramatique, nostalgique et surtout mélancolique, le travail de Sibelius pour violon et orchestre est fait de perfection et d’accomplissement. Les mouvements d’ampleur emportent comme la marée, le vent ou bien la pluie, les retours vers le calme éteignent les lumières… les chants inoubliables de l’archet solitaire hantent le cœur et l’esprit comme un triste souvenir. Durant ses blanches promenades on croise des feuilles d’automne, des champs couverts de givre, on passe quelques moments dans une pièce confortable, au creux d’une cheminée. Et si on tend l’oreille et que l’on s’abandonne, on pénètre plus avant la musique du génie et de calmes en humeurs, on finit déchiré par l’émotion intacte qui émane de ces pièces, esthétiques et sincères.
note Publiée le samedi 27 septembre 2003
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sans oublier la 7 ieme !!
Sheer-Khan (ou Trimalcion), tu nous feras les poèmes symphoniques (Luonnotar, Tapiola, En Saga, Le Barde, La Nymphe des Bois...), les symphonies (la 4 Brrrrr...), la musique de théâtre (La Tempête, peut-être le plus grand chef d'œuvre de Sibelius, avec son prélude indescriptible) ?... Sibelius, c'est TELLURIQUE... Tout simplement mon compositeur préféré...
A forde d'entendre mille fois ce concerto (un peu comme les concertos pour piano de Rachmaninov), avec cette débauche de mélodies qui tuent, d'envolées lyriques romantiques, j'en arrive à me demander si tout ça n'est pas un peu superficiel... Et puis non, ça vous prend tellement aux tripes, ça vous retourne et ça vous emporte...