Low › Trust

L'aventure de Low a commencé il y a bien longtemps. Mais le groupe a toujours gardé le profil bas. Une musique qui s'exprime réellement dans les interstices laissées par le silence. Un silence froid, clinique. Pour leur dernière production en date, le trio américain a délibérément choisi de jouer sur les contrastes. En alternant titres aux ambiances menaçantes et titres plus enlevés, ils laissent l'auditeur dans un état de confusion profonde, à l'écoute d'un disque de toute évidence schizoïde qui ne sait pas sur quel pied danser. Dans les deux cas, de par la configuration minimale du groupe et son approche morbide, c'est quelque part entre les ombres du Velvet Underground et de Joy Division réunis que se situe le discours des époux Sparhawk et Parker, en compagnie de leur fidèle bassiste, Zak Sally. A l'heure où la planète entière voue un culte aux petites formations à l'esprit revêche pour une antépénultième tentative de recoller à l'esprit rock'n'roll (comme les White Stripes par exemple), Low se révèle être une antidote efficace à toute ambiance festive et guillerette. Son côté folk/blues brumeux, que l'on pourrait tout aussi bien attribuer à Grant Lee Buffalo ou à The Black Heart Procession, fait littéralement merveille sur des titres comme "(That's How You Sing) Amazing Grace", "Time is the Diamond" ou "John Prine", où la voix des deux amants communient dans un sentiment de fatalité rédemptrice. La gravité de leur musique se manifeste parfois au travers d'une certaine idée de la solennité que l'on trouvait aussi sur certains des titres les plus macabres de Dead Can Dance, floor toms et cloches à l'appui. Ceux qui ont également déjà succombé aux plaisirs de la voix suave de Hope Sandoval (Mazzy Star) ou Margo Timmins (Cowboy Junkies) savent de quoi je parle et feront bien assez tôt, si ce n'est déjà fait depuis longtemps, l'acquisition de ce disque, pénalisé tout de même par quelques considérables longueurs, anticipant avec délectation les soirées automnales et hivernales des mois à venir.