Limbourg ou Genk, encore une de ces villes minières frappée par la crise avec pour résultat: chômage, pauvreté, drogue et la violence qui en découle. Tout sauf un Eden et même un endroit dangereux à en croire les membres de Siglo XX mais c'est paradoxalement cette grisaille glauque qui est la racine noire de leur musique. Siglo XX, un nom culte dans la scène belge et au delà, presque un équivalent à Joy Division mais dans une version nettement plus dépouillée en ce qui concerne les orchestrations. C'est un sentiment d'urgence similaire que l'on détecte dans les accords torturés de leurs morceaux mais pas question de violence héritée du punk, les musiciens ont d'emblée embrassé la désillusion et le spleen post punk qui ont suivi. Pas de structure couplet/refrain, plutôt un travail axé sur les ambiances avec un riff, une mélodie qui tournent pour servir de support sur lequel s'articuleront les autres instruments. La rythmique, mise en avant au mixage, varie peu; la guitare, elle, assure la touche grinçante et torturée tandis quelques ajouts de synthé ou de piano renforcent le côté glacé et désespéré de la musique (l'emploi de l'échantillonnage comporte de vraies réussites comme les touches orientales de 'Shadows' qui en renforcent l'inquiétude mystique). Et il y a le chant. Erik Dries a ce type de timbre que possédait aussi Ian Curtis, sombre, grave, encore que chez le Belge l'aspect quasiment gothique soit renforcé; il porte beaucoup de la chanson en ses paroles, ses frémissements de rage qu'on ressent par moment. Peu de titres vraiment rapides, le groupe privilégie une forme de tension sourde qui n'explose jamais totalement, vrillant les nerfs, s'infiltrant comme un poison lent dans l'esprit, l'estomac, de l'auditeur comme pour symboliser l'impuissance face à la violence et la déprime du quotidien. Voilà 'Flowers for the rebels', peu d'éléments, une obscurité réelle quasiment vomie ('Sister suicide'), une tension sincère pour une musique vraiment impressionnante de par sa force.