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Frode Haltli › Looking on darkness

  • 2002 • Ecm 472 187-2 • 1 CD

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Membre Note Date
taliesin      jeudi 22 novembre 2012 - 22:20

5 titres - 60:28 min

  • 1/ Bent Sorensen (b 1958) :
  • looking on darkness 9.50
  • 2/ Per Magnus Lindborg (b 1968) :
  • bombastic sonosofisms 8.40
  • 3/ Maja Solveig Kjelstrup Ratkje (b 1973) :
  • gagaku variations 23.36
  • 4/ Magnus Lindberg (b 1953) :
  • Jeux d’anches 8.12
  • 5/ Asbjorn Schaathun (b 1961) :
  • Lament 9.26

informations

Enregistré en août 2001, Sofienberg Kirke, Oslo. Ingénieur : Jan Erik Kongshaug.

line up

Frode Haltli (Accordéon) ; Vervavo String Quartet sur Gagaguku variations.

chronique

  • accordéon-contemporain

Avec ce recueil de pièces contemporaines pour accordéon, Frode Haltli dépoussière pour mieux redéfinir l’image vieillie et l’acoustique douteuse d’un instrument maintes fois torturé par un répertoire populaire majoritairement navrant ; les couloirs de Guts of Darkness, de fait, ne sont pas ceux du métro parisien. Cet artiste interprète que nous croisons, solitaire, adossé contre un mur et voûté sur ses nacres n’est certes pas ici pour massacrer les vieux standards d’Edith Piaf, ou réarranger les flonflons folkloriques d’un Montmartre à touristes. Avec «Looking on darkness», le jeune virtuose norvégien (B.1975) nous révèle la fascinante nature du jeune répertoire scandinave consacré à l’un des instruments les plus complexes et expressifs qui soient. Car l’accordéon joue aussi bien de la langueur éprouvante, note longue et élastique qui nous arrive du fin fond du silence et semble gonfler à l’infini jusqu’à ce que folie s’en suive, que de la pluie mélodique anarchique et étoilée des aigus cristalo-nasillards. Atonales, dissonantes, éprouvantes et déstructurées, les partitions lunaires choisies par Haltli usent avec intelligence et sensibilité de toute l’épaisseur acoustique du piano à bretelles. Le choix d’une église comme lieu d’enregistrement redonne aux couleurs de l’instrument l’espace qu’elles méritent, et le voile de mystère qui lui sied. Une gravité d’orgue, une finesse de flûte, une plastique souple et fluide digne de celle d’un violon… dix doigts indépendants courant d’une note à l’autre et cumulant les harmonies les plus sombres ou puissantes, mêlant mouvements de fond et ridules surfaciques. De «Looking… » à «Lament», l’accordéon fascine, hypnotise, inquiète… et lors d’incoercibles gonflements de pathos, submerge littéralement par la masse expansive de ses graves douloureux. On découvre les sons à l’intérieur des notes, chacune comme un long tube de metal sur les parois duquel le son s’accroche, brille, se courbe, avant de s’exprimer pleinement en un accomplissement souvent éprouvant à l’oreille. Ambiance sombre, atmosphère en clair-obscur, des vagissements de vieilles baudruches, un canard égaré et qui panique un peu… et des constructions rythmiques et harmoniques où virevoltent et s’attardent les petites saillies trompettes, véritables architectures habitées, et tout cela avec un seul instrument. Inquiétant et lugubre, l’accordéon possède ce sourire jaune propre aux clowns psychopathes… un son ambigu entre folie et froideur… mélancolie et poilade… mais il est surtout un instrument au potentiel dynamique unique : gonflement, montée, progression étouffante d’un seul et unique accord… du silence insondable au brouhaha le plus épais. Sons de trains, de cuivres, d’harmonica, de cordes, d’église et de campagne, l’accordéon est dans les mains d’Haltli un prodige acoustique d’une cohérence assez sublime. Un son d’une richesse et d’une complexité sans cesse révélées plus avant par les partitions virtuoses et érudites… de la petite note solitaire, plaintive et sautillante à la mélodie bancale pathétique jusqu’aux destructurations rythmiques et mélodiques les plus agressives, aigus d’argent et harmonies chaotiques, l’accordéon retrouve avec ces compositeurs et le sorcier Haltli sa place parmi les instruments les plus intriguants et fascinants qui soient. Oui, c’est un instrument inquiétant, malin, malsain et souvent dérangé, furieux et insaisissable tant il est multiforme. Une expérience musicale et sonore subjuguante… forcément nécessaire.

note       Publiée le dimanche 18 mai 2003

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    boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

    J'écoute rapidos c'est prenant. Incongru. Etrange. Inconfortable mais chaleureux. Chelou.

    Møjo Envoyez un message privé àMøjo

    Je le réécoute après avoir été pas mal déçu en le découvrant, du fait que l'album suivant me semblait nettement plus réussi, bref, au final c'est pas si mal, même si sur la première moitié du disque ça sonne tout de même très nettement (trop à mon goût) "musique classique" du haut de ces digressions techniques (?) à rallonge qui m'ennuient plus qu'elles ne me touchent. Dans l'ensemble je ne le trouve vraiment pas passionnant.

    Møjo Envoyez un message privé àMøjo
    Je découvre ce mec via l'album de 2007, Passing Images.. c'est vraiment excellent ! Si celui-là est du même tonneau, je vais pas me faire prier longtemps..
    Vicious.666 Envoyez un message privé àVicious.666
    J'ai écouté et je dois avouer que je m'en faisais une toute autre idée... Cette oeuvre n'a pas réussi à me toucher (punaise, que c'est prétentieux ce que je viens de dire) dans le sens où je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus sombre. Je trouve que l'accordéon n'est finalement pas un instrument qui peut créer un climat sombre... "Dérangé", comme le dit la chronique, "clown psychopathe", ça oui. Mais je fais trop une fixette sur les sonorités étranges de l'instrument pour réellement arriver à saisir l'essence des compositions.
    Vicious.666 Envoyez un message privé àVicious.666
    Mais ça m'a l'air intéressant tout ça... Si en plus la démarche est la même que celle du sieur Garbarek, je suis preneuse les yeux fermés !