Koopsta Knicca › Da Devil's Playground: Underground Solo

Koopsta, il s’écoute bien le matin, quand je suis fatigué. Il passe bien aussi le soir, quand je suis fatigué. À midi, il accompagne bien la grosse fatigue après le poulet-cassoulet, une bonne sieste de cauchemars fiévreux à base de dégueulis, la nuit, dans la cave d’un hood puant de Memphis. Ouh là, comme une envie de fourrer un blunt, de me lire une chronique de Copacab et aller tout droit vers demain parce qu’aujourd’hui, vous comprenez, ça ne va pas être possible. Je ne vais pas contribuer, non pas que j’aie l’impression de l’avoir fait hier mais là, pas envie d’aider mémé à traverser, pas envie de dire à la boulangère que je ne veux pas le ticket de caisse, merci, pas envie d’aller chercher Lilou (l’enfant) à l’école et d’emmener ensuite Lilou (le chien) poser sa crotte dans le parc à crottes. Il y aura encore cette connasse de Lilou (la voisine) qui va me casser les noix à cause de ma musique de sauvage. Comment ça, comment ça ? T’es pas contente d’entendre seize fois d’affilée « Purple Thang Gold Hammers, Gleamin as I See you Pass » ? Il y a plein de couplets dans ce morceau, attends, je t’en cite un autre de mémoire : « DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so, DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul DJ Paul Everybody hittin so.

Mais qui donc a produit l'album ? D’accord, ça c’était la version longue du remaster de 1999 parce que mon cousin hardcore qui a vécu aux States, il avait la tape originelle de 1994 que je pourrais lui racheter 200$ mais je vais plutôt télécharger un rip en 192kbps d’une cassette copiée vingt-cinq fois, ambiance found footage, souffle de la bande qui ajoute à la mystique crado de l’ensemble. Plus ramassée, la tape est aussi un peu plus homogène, sans ce Ready 2 Ride hors-sujet à la Mannie Fresh, et sans Bustaz Betta Make Way et son refrain mainstream taillé pour les stades : Bu-Bustaz better make way, bustaz better make way, I heard them bitch ass niggas been talkin' all that shit again, Bu-Bustaz better make way, bustaz better make way, Bring-Bring it on, nigga, bring it on, nigga, as well, Bu-Bu-Bustaz better make way, bustaz better make way, I heard them bitch ass niggas been talkin' all that shit again, Bu-Bustaz better make way, bustaz better make way, Bring-Bring it on, nigga, bring it on, nigga, bring it on, nigga, Bu-Bullet lead in the head to-, Bullet lead in the head to-, Bullet lead in the head to niggas I got ana with, Bullet lead in the head to- Bullet lead in the head to- Bullet lead in the head to niggas I got ana with, Bullet lead in the head to niggas I got ana with, Bullet lead in the head to niggas I got ana with, Bullet lead in the head to-, Bullet lead in the head to-, Bullet lead in the head to niggas I got ana with.

Pas besoin d’ouvrir urbandictionary.com, pour une fois. Je la fais courte, ça parle de cadavres torturés, de meurtres rituels, de braquage, parfois. La voix nasillardement inquiétante du "motherfuckin lunatic" Koopsta qui va te masser le crâne: "murder, murder, murder, murder". Samples anxiogènes, cloches qui résonnent, pianos dissonants, cris dans la nuit, tous les clichés horrifiques sont bien là, poussant le vice jusqu’à détourner des classiques du metal. Pas sûr que Patton et Lars Ulrich aient eu vent de l’emprunt. Cet album s’écoute comme la vie de Francis Heaulme par Hondelatte, hypnotisé, calé dans le canap, les jambes bien relevées, ASMR dégénéré, curieusement relaxant mais qui ne plaira pas à la majorité de ceux qui n’aiment pas le rap et encore moins à la majorité de ceux qui l’aiment. Pourtant, il y a un message pour la jeunesse dans cet album, une vision de l’avenir, un souffle d’optimisme, un vent de fraîcheur qui balaie la putréfaction, une marque de volonté germée dans le cerveau le plus fatigué du rap : « Well, I'm fresh up outta jail with no job, so I steal and rob ». Transmis à tous les conseillers d’insertion et de probation, il y a bel et bien une vie après la prison. En l’occurrence, pour Koopsta, il y a surtout eu la mort à quarante ans, d’une crise cardiaque. DJ Paul a dit de lui qu’il était « very funny » et le « coolest guy ever ». Ah oui me voilà convaincu que les types qui ont produit cette magnifique atrocité sont des mecs sympas en comparaison de, je ne sais pas, Mussolini ou Gabriel Matzneff. Quand même, je ne sais pas si j’aurais traîné dans les caves de Memphis en 1994, m’voyez. Allez, cinq boules et une de plus pour la tape, si tu la trouves.