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Les Thugs › Strike

cd • 12 titres • 42:10 min

  • 1Allez les Filles!1:33
  • 2Summer2:47
  • 3Strike5:47
  • 4Poison Head3:23
  • 5Loving Son2:34
  • 6Bella Canzon1:38
  • 7Assez !2:04
  • 8Waiting6:31
  • 9Stories3:48
  • 10New Day4:41
  • 11The Letter4:13
  • 12So Heavy3:14

informations

Enregistré par Steve Albini au studio Black Box en juin 1995.

La réédition Crash Disques de 2004 propose cinq titres bonus à la suite de l'album original (un remix de Strike, la chanson The Name et des versions en concert de Flags, Little Vera's Song et Bulgarian Blues).

line up

Thierry Méanard (guitare), Christophe Sourice (batterie), Éric Sourice (guitare, voix), Pierre-Yves Sourice (basse, voix)

Musiciens additionnels : Lou Barlow

chronique

Les Thugs, apparemment, s'étaient dits bien déçus au sortir des sessions, à la sortie de l'album. Pas fans de leur propre disque. Pas vraiment comblés par la collaboration avec Albini (qui était « partout » à l'époque... Peut-être un peu trop ? Peut-être un peu trop prodigue de sa « patte », sans se demander toujours si ça collait vraiment à la musique qui passait entre ses mains ?). Pressés de passer à autre chose, d'enregistrer la suite, comme eux l'entendaient...

C'est une chose ! Ça ne se conteste guère – quant à ce qu'il aurait pu en être, ce qu'ils n'y trouvent pas, et qu'on ne connaîtra pas. C'est un signe de plus, aussi, de cette fermeté qui a toujours été celle du groupe, quant à ce que devait être sa musique – pas question de se déclarer ravi d'un enregistrement au seul prétexte qu'un manitou ou l'autre (fusse-t-il « alternatif ») opérait, derrière les potard. Ce que j'en entend – d'aujourd'hui, moi qui était dans ma petite vingtaine et bien plongé dans ces dites musiques « alternatives » à l'époque – en est une autre. (De chose) . C'est à dire que je le trouve très bon, moi, ce disque, avec ce son – cru mais épais – qui tombe à merveille sur les chansons, leur donne l'ampleur qui leur va sans les gonfler, les enfler pour l'épate. Je trouve beau le contraste entre celui-là et les deux précédents (I.A.B.F. et As Happy as Possible). En quelque sorte je trouve qu'il leur répond – en complète le spectre. Parce qu'autant ces deux-là viraient naviguaient à vue (une très bonne vue, très exercée, très sélective, autant que multi-directionnelle – une vue d'ensemble et dans tous les détails) entre punk-hardcore et shoegaze magnifiques (épisodes de brumes grises ou blanches, ou roses ou jaunes ou bleues (etc.), percées douloureuses et aveuglantes, limpides et pleines de sang, à la Hüsker Dü) – autant Strike sonne toujours à mes oreilles comme leur... Album Grunge. Soit une autre synthèse – une autre mouture hybridée, plutôt – de tout ce qu'on pouvait soupçonner de leurs influences, accointances, sur les « scènes » de leur époque et avant. Grunge, disais-je – mais avec des remontées d'un punk plus brut, de trucs plus anciens (Allez les Filles ou Poison Head, j'ai toujours l'impression d'écouter Mudhoney ou Tad qui se seraient mis en tête de jouer du Motörhead). Une tendance à laisser le bruit percer en flashes plutôt qu'en nappes, cette fois. Des inflexions parfois délavées, comme une fatigue vitale au fond de quoi se niche l'envie intacte d'en découdre – l'impression étrange, soudain, que Stooges et Dinosaur Jr. auraient été, à un moment, le même groupe. Un lâcher-l'affaire qui tiendrait plutôt du refus de se conformer, de se laisser glisser dans l'attitude blasée – ça peut paraître paradoxal mais non, puisque « ce qu'on lâche », là-dedans, c'est l'illusion qu'en se pliant à la consigne, tout ira bien, qu'en travaillant à s'en tuer (quitte à passer le weekend le nez dans la poudreuse pour dégazer... puis la semaine d'après pareil pour arriver à suivre), on s'assure que rien n'arrivera de mal. (Ou tout court?). Non, à la place... La Grève. (Strike... Vue la photo de manif historique à l'intérieur du livret – les Suffragettes citées dans Allez les Filles, justement – j'aurais tendance à retenir cette acception du mot, pour le titre, plutôt que le truc de bowling, là... Quoique « FRAPPE », ça puisse le faire aussi, en l'espèce... Bon). Puis quand la tristesse, la gravité affleurent, ici – et c'est toujours quelque chose de salutaire, chez eux, cette forme-ci de conscience, de lucidité – c'est avec une franchise rare, dans cette absence de décorum qui a toujours été le leur mais qui, là, se donne avec une autre plénitude, d'un autre genre. (Waiting, qui me fait toujours penser à Mission of Burma mais jamais à un clone de Mission of Burma – il faudra bien que je vous en parle un jour vraiment, en passant, de Mission of Burma).

Avec tout ça, je n'arrive pas à le trouver moyen – à le trouver raté, partiellement ou pas – ce disque. Nonobstant, décidément, ce qu'en ont dit ses auteurs. Et qui, encore une fois, j'insiste, ne se discute pas. C'est leur version de l'histoire (Stories ?). Cette histoire qui est la leur. De là, je ne me prétend aucune légitimité à défendre ce disque « contre » ce qu'il en ont pu en dire – pas question de brandir une « autre vérité » en contrepoint. Simplement, je continue de n'y entendre rien qui sonnerait faux. J'y entend la même justesse, même, que partout, que très souvent, au moins, chez eux – toutes « périodes », années, maisons de disque, modalités de production, contextes confondus. Je ne le ressors pas les mêmes jours, c'est tout, c'est vrai – qu'I.A.B.F., As Happy, que Still Hungry/Still Angry... Que les disques plus garage des débuts, même (moins souvent, d'accord, ceux-là). Quand c'est leur jour, toutefois, je ressors toujours, au bout de la plongée, content et comme délesté – de ce passage à l'émeri sans soupline ajoutée.

note       Publiée le jeudi 2 mars 2023

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Note moyenne        4 votes

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Oui, LANE, complètement passé à côté à l'époque et jamais vraiment pris le temps d'aller écouter ça entre temps... Mais ça fait un moment que je me dis qu'il faudra ! (Et Lane... Comme Jane et Trent, aussi ? Ce serait cohérent avec la partie "anciens Daria" du truc, en tout cas).

Message édité le 12-03-2023 à 11:43 par dioneo

Note donnée au disque :       
Thirdeye Envoyez un message privé àThirdeye

Pour aller plus loin on peut évoquer le nouveau groupe qu'ils avaient formés avec deux ex-Daria LANE(Love And Noise Experiment) actif de 2017 à fin 2021, ils ont jeté l'éponge malheureusement reste un EP et deux albums, On peut se plonger dans le label nineteen something https://nineteensomething.bandcamp.com/ De belles pépites à écouter parfois rééditées Sloy, Skippies, Dickybird, Sixpack, Les Rats etc... Et quelques nouveautés.. Enjoy 😉

Message édité le 12-03-2023 à 00:14 par Thirdeye

Note donnée au disque :       
Dioneo Envoyez un message privé àDioneo  Dioneo est en ligne !
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Les Thugs sur M6 juste avant la sortie de Strike... Ça éclaire pas mal le rapport du groupe (les contingences et le côté fortuit) à toute cette scène grunge et indé américaine de l'époque, comment ils se sont retrouvés sur Sub Pop, produits par Albini etc., le moment "scènes alterno internationales" de ces années-là.

Ça tombe aussi pile dans ce que tu évoques, Giboulou, les groupes français de cette époques, Sloy ouais par exemple, Deity Guns (futurs Bästard justement) produits par Lee Ranaldo de Sonic Youth, Portobello Bones etc. ... On a l'impression que c'est un autre "réseau" que quelques années avant, à la fois une rupture avec les alternos "modèle Beru/Boucherie" et la continuité de ce que ceux-là avaient mis en place, avec d'autres visées (en terme de tournées hors des villes/départements/pays d'où venaient les groupes, en termes de choix de production, etc.).

Message édité le 08-03-2023 à 14:36 par dioneo

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nicola Envoyez un message privé ànicola

C’est à droite du p sur ton clavier et c’est vachement utile pour les noms de groupes de heävy metöl (et de post-niou-beumeu).

Message édité le 08-03-2023 à 13:55 par nicola

Giboulou Envoyez un message privé àGiboulou

Ah, strike. Pour toujours mon favori. Certainement lié à mes goûts au moment de sa sortie. Mais oui, Dio, il est plus ramassé, plus homogène qu'Happy as. Quand on y (re)pense, à ce moment là (95-96 donc), on était bien avec des groupes comme eux, Sloy, Bàstards (Désolé pour le umlaut, pas trouvé). Grâce à ta chro, je m'y suis replongé et ça fait du bien (avec le petit pincement d'un sentiment de paradis perdu...).