« Unending degradation » l’annonçait déjà : Krypts aime le doom. Mais pas le doom à hippies de merde là. Chez Krypts on fume pas de la weed affalé dans le canap’, ici c’est plutôt ambiance mauvais JB sur le perron de ta cabane rafistolée au fond des bois, à contempler la forêt qui brûle sous les gaz lâchés du permafrost en pleine fonte. La longue intro d’ « Arrow of entropy » en est le vrai symbole. Krypts s’est arrêté net : arpèges dissonants, tempo bloqué à 70, longue progression à coup de tremolo vicieux et harmonisés. On est beaucoup plus proche d’Evoken que d’Abhorrence par moment (même si « Transfixed » rappelle quand même les grandes heures du death finlandais) Evidemment, on n’oublie pas les riffs péteurs de cervicales, mais il y a quelque chose de rampant et d’étouffant dans ce disque qu’on ne retrouvait pas sur le LP précédent. Et de là est née la vraie personnalité de Krypts, une espèce de blizzard froid dont la malveillance n’a rien à envier aux productions dites black metal (« Remnants of expansion » et ses arpèges inquiétants), capable de piocher dans les franges les plus dures du doom, comme de continuer à rendre hommage à ses influences éternelles. Un peu à la manière d’un spectral Voice, mais avec de la glace sur la vitre, contrairement aux américains que j’ai toujours trouvé plus chauds et acoustiques. On pourra bien sûr reprocher la durée plus proche de l’EP qu’autre chose, la relative redondance inhérente au style, mais finalement, cela ne fait que renforcer l’impression de détermination à l’écoute du disque. Cela fait du bien d’entendre un groupe aussi direct qui véhicule enfin une aura menaçante, et avec crédibilité.