Gewgawly I and Thou › Norco Original Soundtrack

Chez les guts, on aime le bizarre, on le cultive. Et parfois je m'amuse dans mon coin, et je ramène ici des rats, des lézards que je dépose aux pieds du public qui doit se demander pourquoi il se retrouve avec cette charogne, mais en même temps Rastignac ronronne, il est content. Bref, je m'ennuyais, donc je me mis à jouer à cette engeance qui rend fou les jeunes avec le métal et la drogue : les JEUX VIDEO. Celui-ci s'appelle Norco, comme la ville, il est sorti cette année et je vous recommande son emploi parce qu'il dépeint dans une ambiance d'un fantastique baroque et dégoulinant la réalité de la vie quotidienne dans la "Cancer Alley" de la Louisiane, cette succession de raffineries et d'industries pétrochimiques empoisonnant eau, animaux, plantes et êtres humains depuis un siècle afin de faire profiter l'humanité de machins en plastique et voitures diverses et variées, médicaments, loisirs, petits internets de poche, etc. Ce jeu de "point & click" comme on dit, très narratif, non dénué d'humour acide et de poésie méditative ne vous fera pas vous arracher les cheveux parce que vous n'avez pas bougé le bitonio invisible pour pouvoir choper le crâne en argent dont un des yeux en porcelaine ouvre la porte qui permet d'accéder à la pièce où vous pouvez donner la graine de tulipe que vous avez volé à la fleuriste car vous avez pu détourner son attention en jouant de la flûte avec votre cul, flûte que vous avez achetée avec une fausse pièce en plastique donnée par votre père en échange de la bonne réponse à une question posée il y a trois heures. Non, je vous dis : c'est narratif ! Par contre c'est de la narration d'histoire à moitié rêvée : c'est simple, ce jeu est comme un cauchemar ambulant, et il y aura un paquet de moments glauques et surprenants, le tout dans un contexte uchronique si proche de notre réalité que l'on peut s'y retrouver sans problème. Tout ceci est agrémenté donc de musique ambient, électronique, parfois un peu plus énergique, rendant hommage aux limitations techniques des consoles ou PC du début des années 1990, je pense à la Megadrive, ou à d'autres jeux point and click prise de fion type Indiana Jones and the Last Crusade, Monkey Island, Grim Fandango, Day of the Tentacle, etc. Par contre c'est vachement bien produit et composé, lorgnant vers la qualité des BO de films multiprimés dans des festivals créés pour des journalistes cocaïnomanes et / ou alcooliques - ici pas besoin de ça pour que ça soit très bon - même si c'est possible que le jeu récolte des lauriers d'ici-là... ; le côté ambient / 16-bit sera donc illustré par un mec quasiment anonyme, un seul autre album à son compteur, peut-être est-ce la connexion néo-orléanaise, le studio créateur du jeu "Geography of Robots" étant de là-bas aussi. Et quand on a fini le jeu, hein ? Ben après une fin abrupte et assez... frustrante, on aura droit à un générique, cette plaie contemporaine du jeu vidéo. Mais là c'est Thou qui joue ! Histoire donc de finir sur une couche de plus de désespoir, purée... alors je n'ai entendu qu'un morceau pendant la fin du jeu et là il y en a plusieurs sur la BO, peut-être faut-il terminer le jeu assez de fois pour entendre tous les titres... ça reste du Thou classique, avec leurs petits chants clairs parfois comme ils aiment depuis quelques temps nous offrir en bonus. Et ça donne à ce paquet de musique long de deux heures un cachet 100% régional local électronique, mystique, triste et métal qui n'est pas piqué des hannetons ! Voilà donc de la musique méditative, déprimante et grâce à elle vous allez garder collée aux basques l'ambiance vraiment particulière de ce jeu qui, si vous ne l'aviez pas compris, m'a emballé comme un Efferalgan 1000 mg dans son tube idoine. Je ne sais pas si je vous ai convaincu, mais je sais que je le suis, et si tout le monde achète ceci pour Noël, je vais me reconvertir en "influenceur" des fins d'années, anniversaires, baptêmes, enterrements ! Pour gagner de l'argent, pour acheter des disques, pour les chroniquer, pour gagner de l'argent. Dans un monde rêvé ; cauchemardé grâce à mon appli duckquack, bavé, oublié le lendemain matin...