‘Maybe you can save me ‘coz I’m not quite myself’… Les années passant, je suis sensible à ces phrases apparemment simples mais tellement difficiles à écrire pour qui ne les a pas ressenties pleinement. Quand ça ouvre un excellent morceau d’un très bon EP emballé dans une pochette mystique comme j’adore, je réfléchis pas trop, l’instinct prend le dessus. Et pour le coup, Datura, c’est vraiment le truc frais, efficace, que tu peux écouter d’une oreille distraite ou en boucle deux heures dans le train en revenant de chez ta Chérie en sirotant chaque nuance. Voilà le genre de groupe qu’on voudrait prendre pour du post punk mais qui sonne bien trop sombre pour l’étiquette. Pourtant, il est évident que les mecs ont beaucoup écouté The Fall, The Smiths (‘Stalker’ dont la mélodie rappelle beaucoup Morrissey and Co mais version pogo des catacombes), y ont sans doute appris des ficelles en terme de mélodies, d’arrangements, pour rejoindre ensuite le rang de celles et ceux qui ont choisi d’embrasser le côté obscur de la force. Sans en faire des caisses non plus. Il ne s’agit pas de se la jouer princes des ténèbres, c’est simplement fluide au même titre que Joy Division, The Cure n’ont pas fait exprès de sonner sombres, c’est juste arrivé, naturellement. Les fans des Chameleons pourraient aussi s’y retrouver dans cette fougue, légèrement plus retenue cependant chez les Américains, animant les compositions. Mélodies efficaces (‘Split’ est superbe), ambiances, orchestrations au poil pour une musique fusionnant des éléments goths et post punk de manière très maîtrisée, un peu à l’image de ce titre: ‘Ghost or reflection'... Les deux à la fois peut-être ?