The Spiritual Bat › At the edge of life

Une chose que nul ne peut cloisonner, c’est la créativité. Contrairement aux grand entrepreneurs libéraux avares de conventions sociales mais les premiers à pleurnicher pour les aides de l’Etat malgré des bénéfices record, les artistes, artisans de tout poil, ont dû très vite s’adapter, se retourner pour assurer leur survie. La pandémie de covid a vu nombre de musiciens proposer des concerts en direct de chez eux, enregistrer comme des forcenés, afin de palier au manque de tournées. En guise d’amuse-bouche en prévision de leur cinquième album, les Italiens de The Spiritual Bat nous proposent un mini incluant quelques chansons de celui-ci, enregistrées en compagnie d’invités ainsi qu’un remix d’un morceau ancien. Ça démarre très fort avec un véritable hymne à la nécessité de créer ‘avant qu’il ne soit trop tard’, l’excellent ‘Mission’ accompagné pour l’occasion de la talentueuse violoniste Shir-Ran Yinon. Comment décrire la beauté flamboyante de ce titre ? Entre le deathrock de Faith and the Muse et le post punk goth de Siouxsie and the Banshees, il déboule du haut de la montagne fier, puissant, comme une cavalcade de Sleipnir (le cheval à huit pattes de Odin), les ajouts de corde amenant la touche mystique. Suit le non moins excellent ‘Sanctu’ empli d’une fougue aux limites du psychédélisme comme si une Janis Joplin moins criarde s’était muée en sorcière gothique avec en batteur Doc Hammer (Requiem in White, Mors Syphilitica, Weep). Rien que ces deux compositions donnent envie d’enfoncer sa porte à coups de crucifix pour s’en aller courir dans la rue en hurlant. Moins exubérant mais tout aussi efficace, groovy presque dans sa détermination, ‘Lockdown’ confirme. Le talent d’écriture du groupe, la voix fantastique de Rosetta Garri. Le remix plus électronique de Claus Larsen casse un peu cette atmosphère mais nullement la pêche terrible marquant ce disque. Pas nécessaire, ce remix n’est pourtant pas mauvais du tout, dansant et martelant dans la plus pure tradition EBM avec un usage discret de l’électronique, preuve que l’ami danois n’est pas un bourrin. Un antipasto qui donne envie de se gaver jusqu’à plus faim en attendant le fantastique nouvel album de la Chauve-Souris transalpine (j’ai triché, déjà écouté, c’est une tuerie). La vie triomphe toujours à la fin.