Robert Haigh - ce nom ne vous dit peut-être pas grand chose et pourtant, il y a de fortes chances pour que ses productions vous soient déjà passées dans l'oreille. Soit via l'underground, par ses participations à quelques albums 80's de Nurse With Wound, par son trio Fote, son projet solo Sema ou ses premiers albums sur L.A.Y.L.A.H. Antirecords – soit via le mainstream, par son projet drum'n'bass Omni Trio. Mais oui, la moitié de la radio MSX FM dans GTA 3, c'est lui. Six albums de breaks et jungle pour le tournant du millénaire, avec en trame de fond un amour pérenne pour la musique minimaliste et sérielle. C'est qu'avant, pendant et après son passage sur les grandes ondes Haigh continue inlassablement de composer sur son seul piano, faisant peu cas de son succès commercial. Deux méthodes se rencontrent: la répétition et l'improvisation. Dix-neuf ans séparent ce premier vrai album solo du dernier sorti sous son nom en 1989. Si beaucoup d'eau a coulé sous les ponts, la trame centrale est strictement la même que sur ses albums d'alors : rencontre de Steve Reich ('Over Land', 'Ten Form', 'Eight Form'), Harold Budd ('Orbits', qui laisse le silence vibrer, 'Persistence Of Memory' et son tremolo), Akira Yamaoka ('Written On Water', quelle solitude !) et bien sûr l'inévitable maître de Haigh, Erik Satie ('New Harmony') auquel il voue un culte sans fin. Les influences sont évidentes ici et les changements de timbres, d'un piano à des synthés digitaux, donnent un peu l'effet compilation qui s'estompera grandement par la suite dans des albums plus homogènes. Il n'en reste pas moins un retour superbe d'un monde électronique à l'autre, plus aquatique, flottant peut-être, de la musique minimaliste et de son attention toute particulière à la fois au timbre et au silence.