C'est vrai, tu m’aimes ? Moi non plus, ou plutôt si, c’est juste que notre love affair a failli ne pas avoir lieu. Un coup d’oreille mal placé (c’est mieux qu’une œillade, me diras-tu) et je t’ai classé dans la catégorie post punk lyophilisé. Mais bon, tu m’aimes et on a tous besoin d’amour alors je suis revenu rôder vers toi et le coup de foudre a eu lieu. Ach… Paris zera douchour Paris… Mais le love de ces Parigots-là n’a rien d’une romance, on parle de chassé-croisés, de triangulations, de larmes, d’hédonisme… C’est nettement plus sexy qu’une soirée frigidaire ou frigide et sexe, ce disque l’est. Pour plusieurs raisons. La voix déjà, légèrement plaintive, parfaitement dosée, ni dans la retenue ni dans le pathos, conférant une touche british, le mixage ensuite avec de belles lignes de basse et des parties de guitare bien cold au sens pur du terme, sans oublier quelques samples bien balancés (mon favori ? le dialogue final de ‘La maman et la putain’ en fin de ‘Satan’s bitch’, voilà assurément des connaisseurs). Bien sûr, quelques notes de claviers sont un brin redondantes, bien sûr, on connaît ce son de boîte mais on ne va pas chipoter, surtout avec des mélodies de cette classe-là. Moins agressive et rapide que la new wave de Rendez-Vous, celle de Je t’Aime en incarnerait un versant mondain qui cherche à se la jouer blasé mais ne peut dissimuler au fond une vraie soif d’amour et de vie. Quelle collection de hits ! ‘The Sound’, ‘Satan’s bitch’, ‘Merry go round’, ‘The flying Dutchman’ ou même le plus lent ‘Watch out !’. On s’étourdit dans la danse pour oublier les errances, les aurores sans réponse, car malgré son blanc clinique/rouge sang, la musique de Je T’Aime est baignée de la grisaille de Manchester, avec même une coloration légèrement noire dans les ombres. Je t’aime, moi aussi, c’est ce qu’il nous reste quand les capitales de ce monde n’ont plus assez de paillettes pour scintiller dans la pollution. Allez, bisous !