L’Obscurité, c’est du post-punk qui n’attend pas pour te fondre sur la gueule comme un rapace qui a repéré sa proie. ‘Are you with us ?’, faut se concentrer, pas d’intro, de mise en bouche, leurs titres précis, jouissifs, pêchus, cueillent l’auditeur dès les premières notes. Il y a quelque chose d’urgent, de violent et d’intense dans les morceaux du groupe. Ce n’est pas l’aspect froid du post punk qui intéresse les musiciens mais son versant le plus organique, le plus brûlant, les vocaux se déchirent, le clavier coule comme un ruisseau froid, limite menaçant, derrière les guitares lourdes, les rythmiques se déchaînent. Si ‘Are you with us’ est très bon, la palme revient à ‘Memories’, trois secondes ne se sont pas écoulées que tout citoyen normalement constitué aura envie de bondir furieusement dans les airs ou de pogoter avec le réverbère le plus proche. ‘In silence’ confirme l’aspect rugueux de l’Obscurité tandis que ‘Day & Night’ accentue l’aspect punk synthétique avec une touche gothique inquiétante. Est-ce le format court ? On peut déplorer de ne pas en avoir plus à se mettre sous le croc mais cette déferlante permet au moins de tout se prendre dans la face sans avoir le temps de reprendre son souffle. A l’instar de formations telles que Sextile, l’Obscurité propose une relecture contemporaine du post punk, celle qui sait mêler braises punk, sonorités synthétiques et atmosphères gothiques avec une urgence existentielle et des mélodies tranchantes. Un vrai shoot d’héroïne sonore.