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Enregistré et mixé par Giulio « Ragno » Favero et Andrea Cajelli (piste11). Mastering : Giovanni Versari.
Bruno Dorella (batterie, batterie électronique, synthés), Stefania Pedretti (voix, guitare, basse, field recordings)
Musiciens additionnels : Carla Bozulich (voix sur 10), Dominic Cramp (orgue hammond sur 10), Alan Dubin (voix sur 4), Rico Gamondi (découpe des samples), Tara Barnes (basse et voix sur 10)
Artwork : Malleus.
*Le morceau Fame, présent sur la version CD, ne figure pas sur la version LP du disque.
Il vous fixe. Vous l’attirez. L’abysse, l'abîme… Ils l’explorent. C’est sur cet album, à mon sens, que la musique d’OvO prend pleinement corps – corps et creux, vides absorbants et d’où ça suinte. Une musique aussi multiforme, transgenres – dans tous les sens du terme ; voyez le clip de Tokoloshi – qu’elle commençait à l’être sur Cor Cordium, le précédent. C’est à dire : non pas détachée complètement des débuts "purement" expérimentaux du duo, bien des années avant ; mais qui ourdit des agencements pour que ça nous attrape. OvO ici dit quelque chose. Dit Précipice. Dit Saute. Dit Danse… Stefania sarabande, et Bruno. Un invité vient crier Chute, sur une plage – Alan Dubin, entre autres de Khanate ; d’autres, membres du groupe Evangelista, changent l’azimut, viennent faire incantation attifée presque cabaret sur Fly Little Demon ; ce n’est pas un hasard ; mais ça ne forclos rien, ne raccroche pas OvO en queue de comète, en traîne de quoi que ce soit. Les récits d’ailleurs, les chapitres, épisodes, ne s’embarrassent guère, là, de chronologies, de généalogies. Les ascendants, les lignées, ce sont ménades et satires, qui ne prennent nom pour nous que lorsqu’ils mordent et tournent, frappent et chantent à poumons déployés, saturés ; ce sont incubes et succubes qui copulent – et entre nous et avec aussi – dans la saleté ou en pleine nature, en ville ou dans les trouées des forêts, des bois ; toutes incarnations humaines qui nient qu’on se limite à l’être pensant seul, raisonnant raisonnable, étroitement rationnel et détaché du reste ; qui clame animal et sensitivité de l’esprit. C’est là, aussi, qu’affleure au plus clair le goût d’OvO pour les déchirements black metal, la crudité de ce son à la fois effilé et matière ; c’est peut-être une ruse ou une incidence ; c’est un des moyens seulement, de toute évidence ; l’abysse n’est pas que ténèbres, ici, ou puits de feu ; il en sort l'entité monstrueuse et marine, sous son ciel sang, kraken écarquillé, bec de chouette et tentacules. Cette musique est pleine d’odeurs et de consistances : limons, humus, sable mouillé, sucions des ventouses, vents de poussières et gouttelettes suspendues. Abisso – le morceau – et quelques autres sont plein de plaintes, de râles, jouissances et malheurs, feulements séducteurs et avis de dévorations. La lueur écarlate attire loin du chemin, dressé comme un horizon dans le crépuscule qui monte. La vie est comme sucée hors de sa tiède, normale contenance. On y va. "[…] ancora più grande è l’attrazione dell’abisso" (comme disait Buzatti qui cependant n’en demandait pas tant).
note Publiée le dimanche 14 mai 2017
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Il y a un bel ecart avec le dernier, meme si on est déja en eaux troubles. Plus varié, comprehensible et sans le monolithisme noir du dernier.