Atheist › Piece of Time

Oh, grand grimoire des trucs scientifiques qu’on comprend pas bien mais qu’on trouve trippants, ouvre tes pages. Au chapitre « Temps ». Oh, quelle belle illustration ! Une montre fondant tel du métal en fusion sur Stonehenge, mais dans un sablier. Le temps, cet inconnu. En haut, il y a marqué « Atheist ». C’est même plus « Satan » ou « Angel », ou « Demon ». Non, on synthétise, on théorise : le death metal c’est athée ! Et ce n’est pas à la portée de tout le monde, faut bosser ses gammes, ses roulements de caisse claire pour y arriver : voilà tout ce qui s’est cogné dans ma tête quand j’ai écouté pour la première fois ce groupe. Ah oui, il y avait aussi souvent le « Death » de Schuldiner qui revenait en tête, la production vient du même endroit, les textes sont de la même trempe, sombres, cyniques mais pas neuneu, et il y a comme un même moule, celui qui fait du metal intelligent, voire même intello dirons les gros bouchers du metal. Atheist joue donc du metal compliqué, mais pas encore trop trop loin de la couche d’ozone, bien assez néanmoins pour se convaincre que les mecs jouent comme jamais vous ne jouerez parce que le propos est de haute volée, tout en restant catchygroovy. Alors, de l’autre côté, qu’est-ce qu’on peut reprocher à Atheist : qu'ils me donnent l’impression de m’engloutir non pas un, non pas deux, mais bien trois mille feuilles à la vanille d’un coup ? C’est délicieux ! Faut le digérer quand même. Deuzio, on pourra aussi râler sur le fait que les métalleux dans ces fins d’années 1980 voulurent progressifier leur boulot pour tâter les mollets des Robert Fripp ou autres free jazzeux, créant une espèce de dialectique qui fait rage depuis je dirais ce moment là du métal dit extrême, où la même année paraissent les premiers albums de Darkthrone ou de Blasphemy, mais aussi ceux de cette frange virtuose du rythme du manche, n’oubliant pas la basse, la foutant même souvent au milieu du propos pour enfin faire justice aux gars qui s’emmerdaient sec dans leur coin en rêvant de Jaco Pastorius tout en faisant des gammes bêtes en secouant la tête. Terrible dialectique oui (mais non en fait, c’est pas grave hein) : celui du propos grosse baffe dans la tronche sans fioritures, avec machin avec des clous dessus, true bestialité, cherchant la vérité dans une bataille sans fin avec ceusses qui jouent de la basse au niveau du pectoral avec la dextérité de Sviatoslav Richter. Troisième partie : ouverture, conclusion, réponse à la problématique - sans déconner, cet album est un départ en fanfare pour un groupe qui comme tant d’autres verra sa carrière maltraitée par le deuil, celui du bassiste Patterson qui fera que le groupe splittera rapidement, après la publication du deuxième disque, le troisième n’étant apparemment qu’un remplissage de contrat auprès du label avant d’aller se faire oublier - pour se reformer des siècles plus tard, pour le meilleur ? Le pire ? Mouais, mais bon, Piece of Time offre un death metal ultra intense, ultra bien ficelé, qui fracasse les petites cellules grises, fait taper au clavier plus rapidement, comme le brutal death pas finaud en fait, un point commun, un ! Un metal qui rend plus intelligent - et je dis pas ça pour de rire, j’ai vraiment l’impression de me faire une injection de parcelles de génie quand je m’envoie du Atheist ! C’est comme écouter parler de grands philosophes à la radio, ça masse l’espoir qu’un jour l’être humain s’élèvera au-dessus de son anus. Je me rattrape comme je peux. Atheist, le Dr. Fugushamimishamimimishami fait musique, pas besoin de s’acheter une game boy pour se muscler le cerveau. Et si seulement ça n’avait été que le seul jet d’un groupe prometteur mais qui allait lamentablement se rétamer sur le « Deuxième ». Mais, non ! Suite au prochain épisode, encore plus athée que le plus athée de tes copines athées. Avec bandana en plus.