Lamort › Purge

Obscurité totale, air épais, manque d'espace, tu as envie de crier mais même l'écho qui répercute le pauvre filet de voix qui te reste sonne étouffé...Voilà ce que tu ressens en écoutant la musique de Lamort, une bande-son pour être enterré vif et pas dans une bonne terre fraîche mais une bouillasse marécageuse, pâteuse, aux relents de moisissure qui s'infiltrent déjà dans le caveau. Quel son, mes amis ! Lourd, crasseux, grinçant, torturé. Pas une once de clarté là-dedans, du noir, du noir et encore du noir. Oscillant entre sludge, noise rock, horror ambient, la musique dégage une impression fétide, intense, pesante, frisant parfois l'asphyxie, avec un chanteur dont la voix rauque et désespérée sonne comme un râle d'agonie et pourtant, que c'est jouissif ! Les compos s'infiltrent par le cerveau pour posséder le coeur, intoxiquer l'âme de leur grincements lancinants et terribles. Production crue mais pas trop lo-fi pour un rendu maîtrisé d'une tension nerveuse redoutable. Pas de violence ouverte, pire que ça, ça te lamine petit à petit sans qu'il ne te vienne à l'esprit de fuir. Des morceaux comme 'Mass burial dream', 'Spinning wheel of rats' ou un 'Do what disease's eyes hardly see' plus cérémonieux avec sa récitation grave et implacable, sans oublier la piste finale et son saxo soumis à la torture, sont de vraies tueries, presque au sens propre du terme. Voilà un groupe qui maîtrise totalement sa formule et n'a pas usurpé son nom. Impressionnant !