Made Out Of Babies › The Ruiner

Oh, notre geignarde lolita ne fait rien de plus qu'à son habitude sur l'ultime album de Made out of Babies (jusqu'à la reformation, hein, kikoolol), c'est à dire une tisane vocale à la Björk dans la gorge d'une riot grrrl pas fraîche, les guitares syncopent et éclaboussent, avec des enchevêtrements de riffs sans grâce sur une jolie basse bien drue, bref tu cadres le tableau avant que le glacis soit posé... et pourtant, ce petit album au teintes crépusculochocolatées passe mieux que tout ce que la miss a pu faire, même sur le Battle Of Mice qui avait des ambiances nettement plus prenantes (parce que j'ai réussi à apprécier la merde bleutée entre-temps, eh ouais c'est un bon petit gars appliqué le Raven, qui insiste quand ça veut pas rentrer). Jusqu'à ce Ruiner faut bien le dire, MooB était plutôt un groupe parfaitement dispensable, et là, quelque chose d'un peu plus retors, d'un peu moins clichesque à la lézard jésus que sur ceux d'avant - encore que la majorité des plans font bien l'effet "j'ai déjà vu cette scène en mieux dans un aut'film". D'un peu détaché, aussi, ou désinvolte, on sent que les zicos nagent un peu plus dans leurs fringues et se font plaisir sans chercher à faire des trucs carrés et tubesques, plus informes, moins narcissiques, j'imagine bien les guitaristes dans le studio la clope au bec asticoter leurs riffs tous secos et balancer quelques blagues graveleuses en collant de temps en temps une petite claque sur le cul de miss ragnagna, style "pars pas trop dans tes couineries où la prochaine ça sera sur ta gueule... mais oui on t'aime, tu es très douée, une vraie performeuse, continue, c'est très bien !". En fait voilà : le Made out of Babies qu'on tient là est un peu une version bridée, moins hystérique et logorrhéique, plus tassée, plus sèche, du journal intime de petite collégienne mal dans sa peau que Mademoiselle Noël a torché avec les Moineaux Rouges. Selon les goûts ça sera mieux ou pire; mais bon j'imagine que la plupart des gens en ont juste rien à foutre qu'il soit aussi un peu plus âpre, plus grunge du lundi matin, moins glycophile, avec moins de pleurnicheries et de cabrioles vocales de notre cocotte, sans qu'il y ait trop de gueulantes gavantes d'un autre coté ; la juste mesure quoi... enfin, jusqu'au titre final où leur neurosisophilie ordinaire reprend le dessus, là on redescent vite d'un ou deux bonnets. Tiède, donc, mais pour une fois ça sera pour le bien commun. Du pétasse-core qui se picore.