Felix Kubin › TXRF

Joie, mes amis, car le grain "sale", le goût du malaxage de la matière sonore pour elle-même semble revenir dans l’électro actuelle ! Alors bien sûr, cela a toujours été le cas dans les franges expérimentales, mais il manquait une musique basée sur un beat, techno ou non, explorant ce plaisir du son brut pour le son brut. C’est désormais officiellement un tendance dans le goût du public, la preuve en est le succès assez fulgurant de ce TXRF, à la base une des nombreuses K7 démos reposant dans les tiroirs de Felix Kubin, qu’un ami insistera pour sortir sur son label. Le disque sera rapidement demandé de toutes parts. Ce TXRF tombe donc à pic, d’autant plus qu’il part d’une techno expérimentale pour zoomer vers un travail sur les sons électroniques bruts. L’artwork ne montre qu’une fission atomique, illustration parfaite du processus de décomposition sonore à l’œuvre ici : les fréquences et les vibrations arrivent directement dans nos tympans, sans filtrage ni raffinement. Attention, donc, électrodes en liberté derrière cette soupape. Des fulgurances peuvent vous frapper sans crier gare, aussi abrasives que les sonorités d’une techno hardcore la plus primaire, et sans le beat 4/4 rassurant que vous avez connu. La face ‘Reflection’ , si elle commence doucement, déboîte bien vite à coup de courant électrique abrasif qui traverse nos enceintes tout en stridences, quelque soit le volume réglé. On sent qu’on se rapproche du noyau même du son, de plus en plus rugueux et dur. Et cette évolution ce confirme avec les deux parties de X-Ray, qui décomposent encore plus le spectre… Fluorescence, la dernière face, n’est qu’un long morceau totalement expérimental et stupéfiant : des manipulations fabuleuses qui nous grattent le cerveau, au casque comme aux enceintes c’est la même tuerie, plus proche de la musique contemporaine que de la techno. Les papillonnements du piano en fond semblent signifier l’accès à une nouvelle dimension, où n’est ce que notre perception qui se brouille et nous tire un ultime signal d’alarme à ce niveau d’infiniment petit ?