Alors que s’approche le milieu des 80’s, que U2 cartonne jusqu’aux USA, que Big Country prend son envol avec ses guitares aux allures de cornemuses, que les stades deviennent des lieux de concerts prisés dans lesquels les hymnes de Queen et le poing levé de Mercury s’accordent à une époque marquée par la conscience sociale (Apartheid, effritement du bloc de l’Est, famines, Thatchérisme), on se dit qu’il serait temps que des pionniers du rock héroïque tels que The Alarm récoltent leur part du gâteau. Effectivement, ils vont le faire au départ, notamment avec ce premier véritable album studio qui leur vaudra un bon classement dans les charts, des critiques enthousiasmes saluant l’un des meilleurs groupes de scène de son époque et… De scène ? Mais nous parlons ici d’un disque studio !?! Ben oui, The Alarm, c’est avant tout un groupe de concert, qui compose ses morceaux à la guitare sèche et branche la prise ensuite. Heureusement le combo a su emporter cette énergie spéciale avec lui en studio, il joue chaque titre comme s’il représentait le climax de son set, avec des refrains sonnant comme des hymnes (‘Where were you hiding when the Storm broke ?’, ‘Sixty-eight guns’, ‘Marching on’…), avec un aspect ‘armée en marche’ parfois au niveau de la batterie roulant comme un tambour. L’ennui, c’est que les jeunes gens ont été suivis un brin trop à la lettre par le producteur qui a tendance à (heureusement pas trop) souligner grossièrement l’aspect flamboyant de certains passages à coups de clairons (‘Blaze of glory’ frisant le kitsch, ‘Sixty-eight guns’ pourtant présenté dans une belle version avec un final menaçant efficace). Heureusement les Gallois ne sont pas des manchots en écriture de power ballads de choix, usent de beaucoup de guitare sèche et d’harmonica (instrument que je n’aime pourtant guère mais qui passe parfaitement chez eux) sans pour autant donner l’impression d’une surcharge d’instruments et surtout ne sonnent jamais ennuyeux. Franchement, ce premier essai contient un paquet de bonnes choses: ‘Where were you when the storm broke ?’, ‘The deceiver’, ‘Tell me’ (avec son petit côté Beatles époque ‘Let it be’), ‘Sixty-eight guns’, la version acoustique et raccourcie de ‘The stand’, ‘Shout to the devil’ et sa batterie tribale menaçante… Donc pourquoi user d’un ton aussi retenu ? Hé bien, parfois, avec The Alarm, les qualités sont des défauts et vice versa. Si les artistes y mettent un coeur qui donne envie de soulever des montagnes, laisse à croire que la pire des grisailles peut un jour se dissiper, il manque aussi selon moi une touche plus déchirée parfois; comment mentionné plus haut, les clairons sont la note de mauvais goût parfaitement inutile tant les compositions portent en leurs lignes cet aspect héroïque. Cela aurait pu être pire et le skeud vieillit bien. Il me parait pourtant essentiel de l’acheter en réédition avec le second cd proposant son lot de prises alternatives, de versions acoustiques, de singles d’époque qui, avec The Alarm, valent souvent le coup quand elles ne sonnet pas carrément mieux. Je retiens une version plus dépouillée et plus sombre de ‘Where were you hiding when the storm broke’ meilleure sans l’emphase un peu surlignée de l’album, ‘What kind of hell’, ‘The chant’s just begun’, pas si éloignées de New Model Army, un excellent ‘Reason 41’ purement rockabilly, style repris en version plus sauvage pour ‘Bound for glory’, bref, des prises au plus près de l’os de qui sont réellement The Alarm. C'est cette édition qui leur vaut un 5 de ma part.