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Mohammad Reza Shajarian (chant), Parviz Meshkatian (santur), Mohammad Reza Lotfi (setar), Zeidollâh Tolouï (târ), Nasser Farhangfar (tombak), Djamshid Andalibi (ney), Ardeshir Kâmkâr(kamanche), Arsalân Kâmkâr (barbat), Farrokh Mazhari (bamtâr)
La nouvelle version CD a un autre tracklisting, en vérité les titres sont condensés
Il y a quelque chose que j’ai récemment saisi chez Shajarian, et qui échappait constamment à une définition ; c’est désormais résolu, puisqu’il s’agissait de caractériser sa musique à l’aide d’un adjectif qui le différencie des autres grands chanteurs, et qui fait sa singularité, sa signature, cette touche si particulière qui nous le ferait reconnaître entre 7 milliards d’individus ; ce mot est austère. L’austérité. Son amour pour le santur aurait du me mettre sur la voie, cet instrument très sec, tout dans la vibration unique de la note ; au santur une note est une note est une note, on ne lui donne aucune autre variation, ce qui a pour effet cet espèce de continuité cahotante, hachée, des enchaînements très rapides de notes sans aucun raccord. Quand j’avais rencontré le professeur de Shajarian, il me disait que son enseignement consistait à créer du continu dans le discontinu, à créer l’infini dans le clos. Shajarian est austère parce que ce qui l’entoure l’est encore plus, et Bidad, un classique, n’échappe pas à la règle : même le tombak est sec comme un arbre mort. Shajarian prêche dans les déserts (là où devant rien il donne la salât) avec son all-star band, accompagné du non-moins austère Meshkatian, dont le jeu au santur tout en rupture et en dégringolade mystique vous fera tourner la tête à une vitesse proche de l’expulsion cinétique ; et puis il y a Lotfi, ce grand joueur de setar (le meilleur instrument du monde), dont le jeu très traditionnel, tout en finesse, vient contraster l’imposante présence des deux autres immenses charismes. Bidad est une ôde à l’ancienne, très technique, absolument fabuleux dans ses sonorités, et il est vénère comme on n’a plus trop le droit aujourd’hui (et qui explique l’exil des grands maitres), puisque Bidad signifie injustice. Comme la note en bas là, tellement de 6/6 que ça va devenir injuste pour les autres, et vous allez vous faire des idées sur mon compte ; mais que voulez-vous ?
note Publiée le vendredi 15 juin 2012
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Sa tombe sera fleurie pendant des siècles, comme celle de Hafez, quand celles des ayatollahs seront oubliées.
J'ai fait pareil avec Van Halen l'autre jour... sinon oui, j'ai vu les photos des obsèques, ça prend bien aux tripes. Y a des grandes personnes qui s'en vont comme ça, on se dit que ça va faire un vide, quand même.
Je l'écoutais justement vendredi cet album, sans savoir qu'il nous quittait. Encore beaucoup de choses à découvrir pour ma part, que ce soit sa musique ou la poésie de Rumi et Hafez.
Adieu
Je viens de voir qu'il avait fait un concert Tiny Desk! Dégaine de bon papy, pantalon bien relevé et voix qui dépote. J'adore cette série, tu passes de Freddie Gibbs à Shajarian en un clic, ahah