Imminent Starvation › Human Dislocation

La Bête a muté, voyez-vous. Autrefois Delta Files, elle a finalement succombé à la techno cybernétique empruntée ici et là à un passé acid et hardcore industriel, et a livré musicalement ce que Noisex n'a pu appréhender que sémantiquement, à savoir les débuts de la power noise ou si joliment dit "indus rythmique". De retour dans les usines dégueulasses de son premier projet, Olivier Moreau réveille les machines d'un bon coup de latte et celles-ci envoient maintenant secousse après secousse la cadence nouvelle, assomante et saturée, de cette vague post-Esplendor Geometrico qui fera le fond de commerce des labels teutons tels que Ant-Zen et Hands. Il est certainement question ici de techno, dans le sens le plus brutal et Schranz du terme, croisé au bruitisme post-industriel qui lui-même en retour s'accomode plutôt bien de l'acid comme le prouve 'Dislocation 2 & 3'. Le résultat est plus subtil qu'il n'y paraît, couvrant un large panel de destruction allant de l'ambient pure et dure à des essais plus électro et de grosses décharges hardcore bruitistes, avec une ou deux mélodies très chiches mais mémorables, tels sur ce qui apparaît aujourd'hui comme le tube d'Imminent Starvation, 'Lost Highway 45'. Privilégiant la qualité à la quantité, Imminent Starvation ne nous a livré que deux albums (à l'inverse d'un certain nombre de ses collègues) avant de raccourcir son nom de moitié. Raison de plus pour conserver ce Human Dislocation qui sans peine trône sur le piédestal du genre depuis maintenant plus de quinze ans.