Guts Of Darkness

Je fonctionne souvent comme ça, je fouille au hasard dans les bacs de boutiques spécialisées ou je parcoure les pages d'une liste de distribution à la recherche d'une pochette qui va me parler, d'un nom de groupe ou d'album qui retiendra mon attention. Je m'y suis parfois cassé les dents en tombant sur des bouses indescriptibles, mais heureusement le plus souvent ça colle plutôt bien à mes attentes. Je me rappelle par exemple de "Joined in darkness" de Demoncy, récupéré à une époque où le groupe n'était pas vraiment connu en Europe, une baffe absolue et instantanée. Sans aller jusque cette baffe monumentale, le cas de ce "mainlining the lugubrious" n'était pas loin de totalement faire mouche. C'est en parcourant le catalogue de those opposed records que j'ai vu ce nom et surtout cette pochette. C'était parti et le moins qu'on puisse dire c'est que je n'ai pas été déçu par leur black metal efficace et plein de pesanteur. C'est d'ailleurs ce dernier élément qui est le plus marquant et le plus efficace, les parties les plus agressives n'étant finalement rien de tout à fait transcendant. La première partie de l'album peut même être déroutante puisque les deux premiers titres sont des instrumentaux basés surtout sur des rythmes lents. Si l'on relève à peine les accélérations aussi frénétiques que brèves lors de l'intro, la grosse partie indus de "Injektion - praparat / Ritual" est quant à elle beaucoup plus intéressante. Car jusque là dans le déroulé de l'album, tout était assez homogène, on sentait une ambiance de plomb s'installer et on commençait même à s'y sentir à l'aise. Ces trois minutes plus industrielles sont quant à elle plutôt à même de dégager de la douleur avec ces soubresaut de guitare bien dérangeants. Pour le coup, on plonge totalement dans l'univers du groupe et l'illustration de la pochette prend alors tout son sens. On va descendre dans l'enfer de la drogue, on va errer à la recherche de son prochain fix et l'attente de celui-ci ne sera que douleur et descente vers une fin quasi certaine. Le changement de rythme qui s'impose à partir de "The fall" n'y changera rien, d'autant plus que les riffs vous maintiennent la tête sous l'eau. A partir de là, je rapprocherais la musique d'un Clandestine Blaze, d'autant plus que la production est assez similaire, à savoir des guitares vraiment sales et très basses dans leur tonalité. Malgré cette comparaison, Murmur en revient systématiquement à des passages plus lents et pesant, ce qui marque bien leur différence. L'album n'est pas parfait, loin de là. Je lui reproche surtout une certaine forme d'essoufflement avec les deux derniers morceaux "Laudanum" et "Die Endlosung" beaucoup trop entendus. Les titres sont bons, mais pour le coup tout ça a déjà été fait des millions de fois. J'ai d'ailleurs ressenti comme une sorte de copier coller un peu foireux pour conclure "Die Endlosung" quand l'excellent passage lent débute avant d'arriver sur les mêmes guitares qui ouvraient l'album. Comme si le groupe avait rajouté cette conclusion un peu à l'arrache, un peu à rebrousse poil du reste du morceau. Quoiqu'il en soit "mainling the lugubrious" est une bonne surprise et les américains nous proposent ici un album intéressant qui a le mérite d'offrir un black assez personnel et qui ne demande qu'à être suivi de plus près.