Ain Soph Aur › Des pierres blanches

Des pierres blanches...Illuminer le chemin, retrouver des repères alors que l'on sait que la plongée vers l'obscurité est à la limite de l'inéluctable ? C'est peut-être la magie de ce mot...'Limite'...'Comment de ne pas être sombre ?' ('30_04_04') et pourtant rester maître jusqu'au bout, 'vivre sur le fil du rasoir'... Ce nouvel opus du duo Ain Soph Aur, il aura fallu l'attendre mais cela en valait la peine. Joyau noir aux guitares pesantes et torturées dans la lignée de Killing Joke, Swans, parfois plus claires et froides (l'excellent 'Le fil du rasoir'), il parle des amours perdus, des existences calcinées, des questions que l'on aimerait égarer le long des trottoirs...Chanté en français, le disque s'appuie sur deux pôles, le timbre grave, solennel, de Phil et la guitare de Toy, louvoyant entre la boîte à rythmes sèche et martelante, se plombant, frappant à coups de riffs sanglants, devenant soudain plus froide...Une bonne basse pour alourdir le tout et quelques touches d'électronique pour l'ambiance (particulièrement réussie sur le magnifique 'Aepantinam')...Ce genre de constatation a été écrite des centaines de fois déjà mais c'est là qu'intervient le talent du duo. Les deux musiciens parviennent à sculpter des paysages bien à eux, un univers certes héritier du goth et du post punk mais géré d'une poigne de fer dans un gant de velours. Leur précédent travail laissait clairement entrevoir le potentiel de leurs compositions mais un cap est ici franchi...Les atmosphères sont un brin plus cohérentes et surtout le travail mélodique poussé plus loin permettant à certaines chanson de se détacher clairement: 'Aepantinam', 'le fil du rasoir', 'Visage tranquille', 'Notre enfer'...Une bien belle offrande, noire, intense...